Au regard de la « préparation des faits » le parquet ouvrira vendredi une information judiciaire du chef de meurtre avec préméditation, a annoncé ce jeudi le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, après la mort d’une enseignante poignardée par un élève dans sa classe, mercredi à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Le procureur a aussi annoncé qu’il demandera le placement en détention provisoire du suspect, qui était toujours en garde à vue ce jeudi soir.« De nombreuses auditions des élèves, de l’environnement familial du mis en cause ont été réalisées, et, avec l’autopsie, cela permet d’avoir une vision assez claire et objective du déroulement des faits » a annoncé le magistrat lors d’une conférence de presse.Mercredi à 9h45 durant un cours d’espagnol au lycée Saint-Thomas-d’Aquin, l’enseignante se trouvait à un tableau, debout, lorsque cet élève, âgé de 16 ans, s’est levé. « Il s’est saisi d’un rouleau d’essuie-tout, s’est approché de la porte de la classe qu’il a verrouillée, s’est dirigé vers la professeure, a sorti du Sopalin un couteau de cuisine avec une lame de 18 cm et lui a porté un coup au niveau de la poitrine, en levant sa main droite au-dessus de la tête. Un geste décrit comme rapide, fluide, sans hésitation. Il est resté debout comme sidéré, et les élèves ont pris la fuite. »Il aurait alors dit : « J’ai ruiné ma vie, tout est fini »Il est ensuite entré dans la classe voisine et, à ce moment-là, sont intervenus deux professeurs, qui lui ont demandé de lâcher son arme, ce qu’il a fait, puis ils l’ont maîtrisé. Il aurait alors dit : « J’ai ruiné ma vie, tout est fini, en faisant état que quelqu’un aurait pris possession de son corps » précise le procureur.Un seul coup a été porté, « entraînant la section de l’aorte et atteignant le poumon droit. » Un coup « violent, nécessairement fatal, de sorte que les secours qui ont été portés ne pouvaient pas permettre de sauver la victime. » L’arme provenait du domicile du père du mis en cause, et aurait été mise dans le sac de l’adolescent la veille.« Il admet une forme d’animosité à l’égard de cette professeure »« Ce qui interpelle, a souligné le magistrat, ce sont les motivations d’un tel acte, la prévisibilité et la personnalité du suspect. Les auditions continuent de se dérouler mais, durant sa garde à vue, il a mis en avant une petite voix qui lui parle, un être égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré, la veille, de commettre un assassinat. »« On sait aussi qu’il avait été affecté par une dispute la veille avec un camarade. Sur ce plan, il a eu des propos fluctuants avec le psychiatre qui l’a entendu. Il admet aussi une forme d’animosité à l’égard de cette professeure, dans une matière où il n’était pas bon, contrairement aux autres matières. » Le suspect était inconnu, d’un point de vue pénal comme de celui de l’aide sociale à l’enfance. « C’est un garçon manifestement intelligent, travailleur, mais décrit comme solitaire. Il a fait état de faits de harcèlement dans son précédent établissement, qui l’auraient affecté. Il était suivi par un psychiatre et avait réalisé en octobre 2022 une tentative de suicide médicamenteuse. »« Drame absolu »Un examen psychiatrique a été réalisé « dans les conditions de la garde à vue ». Il révèle « des traits de personnalité anxieuse pouvant perturber son discernement, mais l’expert ne retrouve aucune maladie mentale de type schizophrénie ou retard mental. Cela signifie que cet adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises et d’une possible altération de son discernement. »Jérôme Bourrier a évoqué « un drame absolu qui a suscité une émotion considérable et appelle à une responsabilité de tous. » Il a souligné que la victime, une professeur âgée de 52 ans, « était extrêmement investie dans son établissement, unanimement appréciée de ses collègues, de ses élèves. » Il a également salué la « mobilisation et la réactivité de tous ceux qui ont dû intervenir, à commencer par les professeurs qui, avec le plus grand sang froid possible, ont apporté les premiers secours à la victime. »Faits diversEnseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : « Je ne pensais jamais vivre ça »… Devant le lycée, des élèves sidérésFaits diversSaint-Jean-de-Luz : Une enseignante décède après avoir été poignardée par un lycéen