Stupeur ce mercredi matin à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), où une enseignante a été mortellement blessée à l’arme blanche par un élève. Un fait, rarissime en France, qui met la communauté éducative en émoi. Une enquête a été ouverte pour assassinat, a annoncé le procureur de Bayonne. 20 Minutes fait le point sur que l’on sait.Que s’est-il passé ?Les faits ont eu lieu dans une salle de cours du collège-lycée catholique Saint-Thomas d’Aquin, à Saint-Jean-de-Luz. Un établissement accueillant plus d’un millier d’élèves et réputé sans histoires.Selon le journal Sud Ouest, il s’agissait d’une classe de seconde. L’auteur de l’agression mortelle aurait fait irruption dans la salle avec un couteau pour s’en prendre violemment à l’enseignante. Pris de panique, les élèves de la classe auraient alors pris la fuite par une porte donnant sur une autre salle. A l’arrivée des secours, la professeure se trouvait en arrêt cardiorespiratoire et n’a pu être réanimée.Les autres élèves de l’établissement ont été confinés durant environ deux heures dans leurs salles de cours à l’issue de l’agression. Puis ils ont pu sortir et retrouver leurs parents, qui les attendaient devant les grilles de l’établissement.Que sait-on de la victime ?Il s’agit d’une enseignante d’espagnol âgée de 52 ans, a précisé à 20 Minutes une source policière. « C’était une excellente professeure », a indiqué la rectrice de l’académie de Bordeaux, lors de la conférence de presse qui s’est tenue au lycée. Le ministre de l’Education a lui décrit « l’exceptionnel dévouement » de l’enseignante à l’égard de ses élèves.Que sait-on de l’élève impliqué ?Cet adolescent est âgé de 16 ans et est, selon nos informations, inconnu de la police et de la justice. Il a été interpellé et a été placé en garde à vue, la PJ de Bayonne ayant été saisie des faits.Les motifs de son passage à l’acte sont encore inconnus, mais les enquêteurs suivent notamment avec attention la « piste psychologique ». Une expertise psychiatrique sera très vraisemblablement demandée dès le début de garde à vue, « ne serait-ce que pour savoir s’il est apte à être entendu sous ce régime », précise une source policière. Lors d’une conférence de presse, le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, a précisé que le jeune homme n’était pas connu des services de police. Une enquête a été ouverte pour assassinat, « C’est-à-dire de meurtre avec préméditation », a précisé Jérôme Bourrier.Que se passe-t-il actuellement au lycée ?Selon notre envoyée spéciale, Elsa Provenzano, de nombreux médias sont arrivés sur place. Elle a interrogé un élève, Hugo, 15 ans. Ce dernier estime que ce qui s’est passé dans son lycée, le meurtre d’une enseignante par un élève était « impensable » dans cet établissement. Il se dit « sous le choc ». Notre journaliste a aussi interviewé Inès, qui était en cours d’espagnol avec le suspect et qui raconte la scène : « Tout se passait normalement jusqu’à ce qu’un élève se lève et plante un grand couteau sur la poitrine de la prof d’espagnol, il était très calme. Quand j’ai levé la tête, il était déjà debout avec le couteau. Tout s’est passé en quelques secondes. » La jeune élève témoigne de l’état de choc des témoins de la scène : « Je ne savais pas comment réagir jusqu’à ce qu’un élève ouvre la porte au fond de la classe qui communique avec la classe d’à côté. On a tous couru, on s’est tous enfui. Je suis passé par le portail du bas. Le papa d’une copine m’a ramené à la maison. D’autres élèves sont restés au self, je crois. Je n’arrive pas vraiment à réaliser ce qui s’est passé, je ne pensais jamais vivre ça. »Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Education a indiqué que deux cellules psychologique avait été mises en place dans le lycée pour prendre en charge 90 élèves et les enseignants. Une matinée sera banalisée ce jeudi, dans l’établissement, a indiqué Pap Ndiaye.Beaucoup de médias français et espagnols, massés devant le collège-lycée privé Saint Thomas d’Aquin à #saintjeandeluz, après le décès d’une enseignante, poignardée par un lycéen de 16 ans, en plein cours. pic.twitter.com/tQcROv0mTD— 20minutesbordeaux (@20minutesbord) February 22, 2023
Que disent les enseignants de ce drame ?La Fédération nationale des syndicats professionnels de l’enseignement libre catholique a diffusé un communiqué avec un message fort : « Nous comptons toutes et tous ensemble sur la vigilance de la nation pour qu’un tel acte ne se reproduise plus. Nous réaffirmons que l’éducation, à laquelle cette enseignante avait consacré sa vie, est le meilleur rempart contre l’ultraviolence. » Pap Ndiaye a indiqué lors de sa conférence de presse, qu’une minute de silence serait respectée ce jeudi à 15 heures dans les établissements scolaires et dans les centres SNU, en hommage à l’enseignante.Comment a réagi le gouvernement ?C’est la première fois qu’un enseignant est tué dans le cadre de sa fonction en France depuis l’assassinat de Samuel Paty, à l’automne 2020, dans le Val-d’Oise.Peu après l’annonce de la mort de l’enseignante à Saint-Jean-de-Luz, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, s’est exprimé : « Nous avons tous une pensée après le décès terrible de cette enseignante… ». Il a aussi voulu « dire tout le soutien que nous portons à la communauté éducative dans son ensemble incluant les enseignants, les directeurs d’établissement, les parents d’élèves, les élèves eux-mêmes (…) J’imagine à peine le traumatisme que cela peut représenter localement et plus généralement à l’échelle de la Nation ».Olivier Véran a par ailleurs annoncé que le ministre de l’Education, Pap Ndiaye, se rendait sur place. Ce dernier a lui aussi exprimé son émotion via Twitter.Immense émotion suite au décès aujourd’hui d’une professeure au lycée Saint-Thomas-d’Aquin à Saint-Jean-de-Luz. Mes pensées pour sa famille, ses collègues et ses élèves. Je me rends sans délai sur place.— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) February 22, 2023 Quelles sont les autres réactions politiques ?Sur Twitter, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), s’est dit « saisi par la violence du décès ». La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a adressé ses « pensées sincères » à la famille de l’enseignante, « à ses proches, à ses collègues et aux élèves du lycée ».A gauche, la présidente du groupe LFI Mathilde Panot a dit son « effroi face au drame ». Sandrine Rousseau, députée EELV, a présenté ses pensées aux proches de la victime et aux « personnels de l’Éducation nationale en proie à des conditions de travail de plus en plus difficiles ».D’autres politiques ne se sont pas contentés de faire montre de leur émotion : « Nos hussards noirs de la République sont en première ligne face à l'”ensauvagement” de la société » , a tweeté le président des Républicains, Éric Ciotti, appelant à « revoir la graduation des peines des mineurs » . Edwige Diaz, députée RN de Gironde, a ajouté : « nos écoles ne sont plus protégées face à l’explosion de la violence. Il y a urgence à agir ».Faits diversSaint-Jean-de-Luz : Une enseignante décède après avoir été poignardée par un lycéenSociétéAssassinat de Samuel Paty : Un rapport d’enquête décrit sa « vive inquiétude » avant les faits