Après 36 longues années, les proches de Marie-Thérèse Bonfanti ont eu des réponses. La justice vient de prendre une décision très rare des décennies après le meurtre de la jeune femme.
C’est une décision rarissime que vient de prendre la justice. Trente-six ans après la mort de Marie-Thérèse Bonfanti, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a décidé ne pas prescrire ce meurtre. Si le délai de prescription dans cette affaire était au départ de dix ans, la récente arrestation et mise en examen d’un suspect a changé la donne. “Les magistrats ont estimé que le point de départ de la prescription devait courir à compter du jour où le suspect dans le dossier a avoué. Aujourd’hui, le dossier est renvoyé chez le juge d’instruction. S’il n’y a pas appel, de pourvoi devant la cour de cassation, l’instruction va se poursuivre et il y aura procès”, a expliqué l’avocat Bernard Boulloud. Marie-Thérèse Bonfanti a disparu le 22 mai 1986 alors qu’elle distribuait des journaux.
Ce jour-là, Marie-Thérèse Bonfanti avait prévu de distribuer sa pile quotidienne de journaux dans par sa Peugeot 104 blanche. Vers 15h30, la jeune femme avait été aperçue se garant près de la gare de Pontcharra pour aller dans la “maison Chatain”, appartenant à Yves Chatain, le suspect numéro 1 de cette enquête. Sa nourrice est la première personne à avoir constaté sa disparition, car elle avait rendez-vous à 16h30 avec Marie-Thérèse Bonfanti, qui devait venir chercher ses deux enfants chez elle. Le soir venu, le mari de la jeune femme a signalé sa disparition aux autorités. Sa voiture n’avait pas bougé, les portes n’ont pas été verrouillées, son sac à main était sur la banquette arrière. Ses journaux ont été retrouvés à l’intérieur de la maison d’Yves Chatain. Pendant de longues années, aucun corps n’a été retrouvé.
Après deux ans d’investigations, l’enquête avait été close en 1986. Mais il y a quelques mois, les policiers ont mis la main sur le crâne de la jeune femme d’alors 25 ans près de Grenoble. Alors que l’enquête avait été classée sans suite, ce cold case a été rouvert en mai dernier. Le suspect, Yves Chatain, a avoué le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti. Mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre,l’individu a été placé en détention. C’est là qu’il a indiqué aux enquêteurs le lieu où il s’est débarrassé du corps de la jeune femme. Le 14 décembre, les avocates du mis en cause avaient déposé un recours pour demander l’annulation de la mise en examen de leur client au nom de la prescription, que la justice a donc refusé. “C’est une grande victoire, a réagi l’avocat de la famille, et une décision qui fait honneur à la justice”