Homme de théâtre et de cinéma que l’on ne présente plus, Pierre Arditi est à l’affiche du film “Maestro(s)” dans lequel il incarne le père de Yvan Attal, l’occasion d’évoquer sa “vraie” paternité.
Pierre Arditi n’a qu’un seul fils, Frédéric, né de ses amours avec la comédienne Florence Giorgetti disparue en 2019, âgé aujourd’hui de 53 ans. Et les liens complexes qu’il entretient avec son fils de fiction dans le dernier film de Bruno Chiche “Maestro(s)” n’ont pas manqué de l’interroger sur ceux qu’il a entretenus avec son enfant unique.
“Il n’y a pas de bons parents, ça n’existe pas”
Devenu père à 25 ans alors que tout comme sa jeune épouse, il démarrait sa carrière, Pierre Arditi a estimé au micro d’Europe 1 le 19 décembre dernier avoir commis des erreurs qu’il a payé très cher. “Il n’y a pas de bons parents, ça n’existe pas, a-t-il commencé par exposer à Sonia Mabrouk, je peux parler en connaissance de cause. J’ai moi-même été l’un des assassins de mon propre fils.” Bien entendu, c’est au sens figuré, puisque son fils Frédéric est en pleine santé. Pierre Arditi a toutefois tenu à poursuivre sa démonstration “C’est assez violent comme expression mais quand il est venu au monde, sa mère et moi, ma première femme, nous étions en train de nous fabriquer nous-mêmes en tant qu’acteurs, a-t-il reconnu. Donc il n’a pas eu ce qu’un enfant attend de son père et de sa mère. Il a un peu fait comme Proust. De temps en temps, il devait être seul dans son lit en pleurant parce que sa mère ne venait pas l’embrasser sur le front.”
De fait, en se construisant et en devenant adulte, Fréderic Arditi a mis une distance entre ses parents et lui-même, comme l’explique l’acteur. “On l’a payé très cher, a renchéri Pierre Arditi. Quand on voulait parler avec mon fils, il fallait l’appeler parce que lui n’appelait plus. Il disait ‘Moi, il n’y a pas de problème, je suis ravi de vous voir mais je n’appelle pas.‘” Si depuis les rapports se sont réchauffés entre le père et fils, une telle prise de conscience provenant d’un parent, célèbre de surcroît n’est pas chose courante. Egalement dans le domaine artistique, Fréderic Arditi semble aujourd’hui être équilibré dans sa pratique du dessin, sa spécialité, et des peintures qu’il expose depuis 1994, dans les pas de son grand-père, Georges.
Un père de fiction en concurrence avec son fils
Dans le film de Bruno Chiche, Pierre Arditi joue le rôle d’un autre père qui pourrait avoir de gros regrets : il est en effet en concurrence directe avec son fils, incarné à l’écran par Yvan Attal, pour prendre la direction de la Scala de Milan. Chefs d’orchestre de père en fils, les deux vont donc finir par s’affronter. Pour Yvan Attal, qui joue le rôle du fils, la complicité qu’il vit avec Pierre Arditi à l’écran a été une évidence, dans une intrigue qui l’a également replacé dans sa qualité de père et de fils. “J’ai eu un père avec qui c’était compliqué de se dire des choses impudiques, a-t-il expliqué dans une interview chez France Info. Et ce qui, pour le coup, m’a frappé, c’est quand j’ai vu mon père avec mon fils. Je n’ai pas reconnu l’homme que je connaissais. Tout d’un coup, je l’ai vu tactile avec lui, le prenant dans ses bras, pouvant tout lui dire. C’était à la fois très touchant et très surprenant. Donc tout ça me touche beaucoup, oui.”