Pendant des années, Denis Mannechez a fait vivre un calvaire à ses filles qu’il violait, punissait et frappait. En 2018, il a été condamné pour l’assassinat de son aînée avant de succomber à un arrêt cardiaque.
En apparence, les Mannechez étaient une famille tout à fait normale. A Saint-Pathus, en Seine-et-Marne, vivaient un père ingénieur, une mère au foyer attentionnée et cinq enfants. Mais en apparence seulement, car une fois la porte fermée, c’est l’horreur qui se déroulait. Denis, le père, imposait des viols à ses filles, des punitions à ses fils, le tout devant les yeux de sa femme, Laurence. “Elle avait mis en place un planning pour savoir qui de moi ou Virginie, la préférée de mon père, montait dans la chambre de mon père chaque soir de la semaine, raconte Betty dans les colonnes de Paris Normandie. Elle a organisé aussi et participé aux viols. Je suis tombée enceinte à trois reprises, à 13, 15 et 17 ans. C’est elle qui a organisé les IVG dans des hôpitaux différents pour ne pas éveiller les soupçons. Elle nous mettait dans le lit de notre père et, en contrepartie, mon père lui laissait sa liberté et dépenser sans compter l’argent. Nous étions sa monnaie d’échange.”
A l’adolescence, deux de leurs enfants, Betty et Virginie, ont commencé à fréquenter les voisins de leur âge. Impossible pour Denis, qui exile sa famille dans l’Oise, à plus de 100 km de là. Au début des années 2000, son aînée dont il avait fait sa femme tombe enceinte de lui. Betty a décidé de fuir et de raconter ses années d’horreur à la gendarmerie. Le 22 avril 2002, Denis et Laurence Mannechez sont arrêtés et ont avoué les atrocités qu’ils ont commises sur leurs enfants. Mis en examen pour inceste et complicité de viols, ils sont incarcérés et écopent, cinq ans plus tard, de cinq ans de prison, dont trois avec sursis. Libéré de prison, Denis Mannechez est retournée vivre avec Virginie, victime d’inceste et devenue maman de son enfant. À bout, sa fille a ensuite décidé de s’installer loin de ce père horrifique pour vivre enfin sa vie sans être sous son joug.
Mais le 7 octobre 2014, Denis Mannechez est entré dans le garage automobile dans lequel sa fille travaille armé. Il a tué d’abord Frédéric, l’employeur de la jeune femme, puis sa fille, d’une balle dans la tête. Il a ensuite tenté de se suicider mais s’est seulement grièvement blessé. Jugé du 3 au 19 décembre 2018 pour l’assassinat de sa fille de 33 ans et du garagiste, Denis Mannechez a été reconnu coupable et condamné à la réclusion à perpétuité. Deux jours après sa condamnation à l’âge de 56 ans, il a succombé à un arrêt cardiaque. Un soulagement pour Betty, autrice de Ce n’était pas de l’amour : “Je veux qu’il serve aux enfants encore victimes de l’inceste ; qu’ils voient qu’ils peuvent casser leurs chaînes et avoir une vie normale. Mais bien sûr, on n’oublie jamais l’inceste, j’en garde les séquelles. Je suis décalée, je ne connais pas le monde, Paris. J’ai grandi trop vite”.