La porte bleue de l’appartement n’a pas résisté longtemps à l’assaut donné des forces de l’ordre. Samedi, au petit matin, les policiers font irruption dans le studio qu’occupent deux hommes, dans un immeuble de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Les enquêteurs de la brigade criminelle se dirigent vers la cuisine dans laquelle se trouve Dahbia B., 24 ans et l’interpellent. L’un des deux habitants des lieux, Amine K. l’a rencontrée quelques heures plus tôt. Il a profité de l’absence de Kamel, son colocataire, pour ramener la jeune femme qui est SDF et passer la nuit avec elle. Tout porte à croire qu’il l’ignorait. Mais son invitée est soupçonnée d’avoir, la veille, sauvagement tué Lola, 12 ans, dans le 19e arrondissement de Paris.En tout, six personnes ont été placées en garde à vue, dans les locaux de la Crim’, rue du Bastion, dans les heures qui ont suivi la découverte du corps de la préadolescente, dans une malle. Quatre d’entre elles, dont les deux occupants de l’appartement, ont été libérées sans poursuite à ce stade. En revanche, Dahbia B. et un homme de 43 ans ont été présentés à un juge d’instruction lundi à Paris en vue d’une mise en examen pour meurtre et viol avec actes de torture et de barbarie. Rachid N., est une « connaissance ancienne de la suspecte ». Selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, il a reconnu « avoir transporté cette dernière à sa demande ainsi que deux valises et la caisse en plastique dans son véhicule de fonction depuis Paris jusqu’à son domicile situé à Asnières-sur-Seine, et avoir également accueilli l’intéressée chez lui avec les valises et la caisse ». Le quadragénaire a confié également « avoir appelé un chauffeur de VTC pour que la suspecte retourne à Paris avec les valises et la caisse environ deux heures après son arrivée ».« Elle avait l’air un peu folle »Les policiers ont très vite compris que cette jeune femme, jusqu’ici inconnue de la justice et de leurs services, était au cœur de l’enquête. Vendredi après-midi, vers 15h17, elle a été filmée, aux côtés de Lola, par la caméra de surveillance installée dans le hall de l’immeuble où habitaient la victime et sa famille, rue Manin. C’est aussi dans cette résidence qu’habite Friha B., la sœur aînée de Dahbia. Plus tard, dans l’après-midi, la suspecte, jean blanc, haut gris, a été aperçue dans la rue par plusieurs témoins, portant une malle en plastique opaque. Son comportement n’a laissé personne indifférent. « Elle avait l’air un peu folle », « instable », a raconté à BFM TV un riverain qui l’a croisée. « Elle se trimballait avec la malle, elle l’a même laissée devant le café, elle est partie en face à la boulangerie acheter un croissant, revenir comme si de rien n’était », se souvient-il.Dahbia a même demandé à un homme de l’aider à porter la malle. Selon nos informations, ce dernier est allé dans un bar avec la jeune femme. Elle lui a alors affirmé vendre des organes humains. Le témoin a mis sa main dans la caisse en plastique et senti ce qui ressemblait à un bras humain. Une odeur de sang et de javel lui a pris le nez. Effrayé, il a coupé court à la discussion avant de se présenter à la police. Il a donné le signalement de la voiture à bord de laquelle la suspecte a pris la fuite.Meurtre de la petite Lola : Une information judiciaire est ouverte ce jour des chefs de meurtre sur mineure de moins de 15 ans en lien avec un viol commis avec actes de torture et de barbarie, viol sur mineur de 15 ans avec actes de torture et de barbarie, et recel de cadavre.— Thibaut Chevillard (@TiboChevillard) October 17, 2022
La malle, qui contient le corps de Lola, ne sera retrouvée que vers 23h20, par un SDF, de 42 ans rue d’Hautpoul, à 200 mètres du domicile de la collégienne. La victime, qui a été ligotée, a été placée dans une boîte de rangement en plastique opaque, recouverte d’un morceau de tissu qui en dissimule le contenu. L’autopsie pratiquée samedi a déterminé que Lola était morte asphyxiée. « De multiples autres lésions étaient constatées, notamment au visage, au dos et de larges entailles au niveau du cou lesquelles n’entraient pas, selon les conclusions du médecin légiste, dans le déterminisme du décès », souligne la procureure de la République de Paris. L’examen « ne révélait pas de lésion traumatique de l’ensemble de la sphère sexuelle », ajoute-t-elle.Expertises psychologiques et psychiatriquesEn revanche, le mobile du crime demeure toujours très flou. Pour quelle raison Lola a-t-elle été tuée ? Pourquoi a-t-on retrouvé un « 0 » et un « 1 », inscrits en rouge sous chaque pied ? La suspecte connaissait-elle la victime ? « Les investigations se poursuivent pour établir le déroulement des faits », confie à 20 Minutes une source proche de l’enquête. En garde à vue, Dahbia B. a déclaré avoir « entraîné la victime jusqu’à l’appartement de sa sœur, vivant dans le même immeuble que l’enfant, qu’elle lui aurait imposé de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d’autres violences ayant entraîné la mort et qu’elle aurait dissimulé le corps dans la caisse », poursuit Laure Beccuau. Des expertises psychologiques et psychiatriques vont désormais être réalisées pour tenter de mieux cerner la personnalité de Dahbia B.. JusticeMeurtre de Lola : La principale suspecte mise en examenFaits diversMeurtre de Lola : Ce que l’on sait après la découverte du corps d’une collégienne dans une malle