Condamnée à 20 ans de réclusion criminelle une seconde fois pour le meurtre de sa fille, la mère de Marie Varnerot tenait déjà des propos glaçants il y a déjà cinq ans. Explications.
Voilà déjà cinq ans et demi qu’Anita Varnerot purge sa peine de 20 ans prison pour avoir assassiné sa fille Marie, un acte aussi cruel que sordide dont elle avait été reconnue coupable lors d’un premier procès devant les assises de Melun en janvier 2017. Des faits qui remontent précisément au 17 avril 2014 au domicile familial de Maincy une commune d’Île-de-France située à une 1 heure de Paris. Le même verdict a été prononcé au terme de cinq jours d’audience le 13 septembre 2022. Si elle ne cesse de clamer son innocence, Anita Varnerot n’a pas réussi à convaincre les jurés de la capitale qui ont essayé de comprendre à la suite de leurs homologues melunais comment et pourquoi une mère a priori “saine d’esprit” a fait ingérer à sa fille de 17 ans pas moins de 14 comprimés de Zolpidem (un acide barbiturique très puissant en général administré aux patients qui souffrent de troubles du sommeil) avant d’essayer de l’étrangler. Aucun mobile précis n’a jusqu’ici motivé le crime de l’accusée.
Ce sont donc les mêmes faits, témoignages et pièces à conviction qui ont été présentés au tribunal le mois dernier. La sidération était en revanche aussi forte qu’il y a cinq ans. “Quand on a commis un crime aussi horrible, c’est tout à fait humain de clamer son innocence jusqu’au bout pour ne pas salir sa famille“, tonnait à l’époque Avi Bitton, l’avocat du père de Marie. Un expert pointait alors du doigt un conflit larvé entre la mère et la fille, conséquence d’une relation abandonnique. Appelé à la barre, l’ancien employeur d’Anita avait raconté comment celle-ci avait déjà simulé un cambriolage dans son entreprise, un témoignage corroborant ainsi certains éléments à charge contre Anita, notamment “l’appel du meurtrier” et le “désordre artificiel” dans l’appartement des Varnerot. S’il concédait buter contre des “pans obscurs” du dossier, l’avocat général Thierry Donard avait, lui, tenu à rappeler des propos glaçants tenus par l’accusée lors de sa dernière audition en garde à vue : “A la question “être-vous un monstre ?”, elle a répondu oui.” Une raison suffisante pour requérir 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Anita Varnerot.
Pourquoi Anita a-t-elle assassiné sa fille ? Comment a-t-elle pu se procurer une telle dose de barbituriques ? Au cours du procès a été brossé le portrait d’une femme versée dans l’art du mensonge. Anita aurait ainsi obtenu deux boîtes de somnifères “en manipulant” une amie, préparatrice dans une pharmacie du Mée-sur-Seine, une petite ville à une dizaine de minutes du Maincy. Lors des assises, cette dernière a confessé avoir agi à l’époque par “bienveillance“, ignorant qu’elle fournissait un “outil de la mort” à l’accusée : “Elle m’avait dit que c’était pour elle, qu’elle souffrait d’insomnie“. Anita Varnerot aurait alors répondu aussitôt : “C’était pour ma fille. C’est elle qui souffrait de terribles insomnies.” Déscolarisée, Marie avait pris ses distances avec la vie sociale d’une adolescente “normale”, restant éveillée surtout la nuit, de longues heures durant lesquelles elle restait sur les réseaux sociaux. La partie civile a mis en évidence l’envie de la jeune fille de se rapprocher de son père, une émancipation qui aurait nourri la jalousie maladive d’une mère dangereusement exclusive. La crise entre les deux femmes aurait également pu être précipitée après que l’adolescente ait découvert la séropositivité au VIH d’Anita. “Toutes les pistes n’ont pas été exploitées“, selon la défense…