Ce mercredi 28 septembre, Elisabeth Badinter était reçue au micro de France Inter pour réagir à l’actualité. Durant l’interview, la philosophe a tenu des propos controversés sur la notion de prescription, notamment en marge de l’affaire PPDA, qui n’ont pas manqué d’indigner la Toile.
Le sujet des violences envers les femmes est plus que jamais d’actualité en France. Alors que la gauche est dans la tourmente depuis la révélation des affaires de violences conjugales autour de Julien Bayou et Adrien Quatennens, un autre visage bien connu des Français évolue, depuis plus de 18 mois maintenant, dans le viseur des médias. Patrick Poivre d’Arvor, d’abord ciblé par une plainte pour viol de la journaliste Florence Porcel en février 2021, a depuis fait l’objet de plusieurs accusations de viol, d’agression sexuelle ou de harcèlement sexuel par une vingtaine de femmes, sur une période allant de 1993 à 2008. Malheureusement, beaucoup des faits rapportés sont concernés par la notion de prescription (depuis la loi de 2017 la prescription pour viol est de 20 ans). Une faille dans le système judiciaire pour nombreuses des supposées victimes, qui souhaiteraient voir Patrick Poivre d’Arvor jugé pour les crimes dont elles l’accusent.
Pour Elisabeth Badinter, présente dans les studios de France Inter ce mercredi, il n’est pas possible de revenir sur la notion de prescription. La philosophe, qui a tenu des propos plutôt controversés pour expliquer son raisonnement, s’est attirée les foudres de nombreux internautes, parmi lesquels des victimes présumées de PPDA. “Si on en finissait avec la prescription, cela voudrait dire qu’on assimile les violences sexistes à la loi contre les nazis, qui est le crime contre l’Humanité (imprescriptible, ndlr), ce n’est pas possible“, a d’abord déclaré la femme de lettres avant d’ajouter : “Il faut être logique : les violences faites aux femmes sont punies, mais enfin est-ce que ce sont des crimes de l’Humanité, il ne faut pas exagérer, c’est même indécent“. Un début d’argumentation jugé grinçant, qui a pris une tournure encore plus révoltante lorsqu’Elisabeth Badinter a estimé que la prescription était une responsabilité qui incombait à la victime. “Pourquoi ne pas porter plainte avant la prescription (…) Il faut prendre ses responsabilités. Je comprends très bien que ce soit difficile à évoquer pendant un certain temps, mais quand même 10 ans (20 ans depuis 2017), ce n’est pas si mal“, a lâché la philosophe face à Léa Salamé.
Forcément, son passage au micro de France Inter a valu à Elisabeth Badinter de nombreuses critiques sur la Toile, notamment de la part de certaines victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor. Cécile Delarue, l’une des accusatrices de l’ancien présentateur du JT de TF1, a déclaré sur Twitter : “Naufrage d’Elisabeth Badinter ce matin. Qualifier ‘d’indécent’ le mouvement des femmes qui parlent aujourd’hui des viols qu’elles ont subi hors délai de prescription. ‘INDÉCENT’ ! Oser la comparaison avec les crimes contre l’ humanité ! C’est honteux. Et pour le coup, INDÉCENT“. La journaliste Hélène Devynck, qui a porté plainte contre PPDA pour un viol qui se serait produit en 1993, a écrit, quant à elle : “Ce matin, Elisabeth Badinter m’explique que je suis irresponsable et indécente. L’indécence, c’est l’impunité” sous la photo d’une page de son livre, Impunité, dans lequel elle retrace l’affaire PPDA. Dans l’extrait choisi, Hélène Devynck mentionne justement celle qui lui a fait défaut ce matin. “Je partageais avec beaucoup de femmes de ma génération une foi dans le progrès et l’universalisme. ‘Essentialiste’ était une insulte, ‘Différentialiste’, une erreur. Je lisais plutôt Elisabeth Badinter qu’Hélène Cixous. J’en suis revenue” peut-on lire.
La sénilité ne peut être une excuse. Elle le pense vraiment et traduit là une certaine pensée courante à gauche. Honteux…