En 2006, le corps d’une femme est retrouvé à moitié calciné à Cayenne en Guyanne. 14 ans plus tard, le corps d’une seconde femme, enceinte, est découvert. Le point commun de ces deux femmes ? Sylvain Kereneur.
C’est un faits divers sordide. Le 30 juillet 2006, un personne tombe sur une scène d’horreur à Cayenne en Guyane. Le corps d’une femme, en partie calciné, la tête enroulée dans un cellophane est retrouvé. Il s’agit de Camilla Marques Pereira, une immigrée brésilienne, âgée de 19 ans. Une fois arrivées sur place, les forces de l’ordre font les premières constatations et le corps est envoyé à l’Insitut médico légal Selon l’autopsie, la jeune femme aurait été étranglée ou étouffée. Deux jours plus tôt, la victime est vue pour la dernière fois à la discothèque le Number One. Selon des témoins, elle serait partie de l’établissement aux côtés d’un homme. Mais l’enquête s’enlise et un non-lieu est prononcé en avril 2010.
Mais voilà que trois mois plus tard, une femme se rend au commissariat de Cayenne. Selon ses dires, ce serait son ancien petit-copain, Sylvain Kereneur qui serait l’auteur du meurtre. Pire encore, elle avoue l’avoir aidé, sous la menace à se débarrasser du corps. L’homme est le fils d’un riche entrepreneur originaire de Bretagne. Toujours selon les dires de cette femme, son ex lui aurait avoué avoir tué Camilla Marques Pereira car il avait découvert que cette dernière l’avait trompé. L’homme âgé de 23 ans est ainsi placé en garde à vue et nie en bloc les accusations de son ex-compagne. Il réfute aussi avoir fait la connaissance de la victime : “Il ne résulte pas de la procédure que mon client connaissait la victime”, indique l’avocat Archibald Celeyron. Sylvain Kereneur reconnaît par ailleurs s’être vanté d’avoir tué Camilla, pour se faire “mousser”.
Défendu par Eric-Dupond Moretti
Le jeune homme est tout de même mis en examen et écroué. Il est ensuite renvoyé devant les assises. Défendu par sept avocats dont Éric Dupond-Moretti, l’actuel garde des Sceaux, il obtient en septembre 2015 un non-lieu : “Les déclarations incohérentes de l’accusatrice principale ont été infirmées par des éléments objectifs de l’enquête”, explique l’un de ses avocats. Pour les victimes, la décision est difficile à digérer : “Cet arrêt, qui a anéanti l’instruction, est passé relativement inaperçu à l’époque. La justice s’est trompée, de façon assez honteuse”, explique Me Jérôme Gay, l’avocat de la famille de Camilla.
Un second corps retrouvé
Selon les avocats des parties civiles, Sylvain Kereneur aurait bénéficié de l’appui de sa famille : “La juge d’instruction a subi des pressions. Elle a épinglé une série d’anomalies, comme le fait que la famille de Kereneur avait reçu des informations de la part d’un commandant, malgré le secret de l’enquête”. Mais voilà qu’un autre faits divers va tout relancer. En effet, le 15 mai 2020, le corps d’une autre immigrée brésilienne est retrouvé à 70 km de Cayenne. Ses vêtements ont été aspergés d’essence. Les médecins, après l’autopsie, concluent à une mort par suffocation. “Sur la scène de crime, est retrouvé un rapport d’échographie de grossesse, partiellement brûlé. Karina Gama De Souza, 23 ans, était enceinte de sept semaines lorsqu’elle est morte”, rappellent nos confrères du Parisien.
La seconde victime était la petite-amie de Sylvian Kereneur
En enquêtant sur sa vie privée, les enquêteurs découvrent que la jeune femme partage sa vie avec… Sylvain Kereneur. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes partagent leur colère indiquant que ce nouveau drame aurait pu être évité si Sylvain Kereneur avait été placé en prison. “Nous avions peur que l’enquête ne subisse le même sort que celle sur la mort de Camilla. Six mois après les faits, nous n’avions toujours pas accès au dossier”, déclare Me Mustapha Khiter, l’avocat des proches de Karina.
Le dossier Camilla rouvert
Un an après ce nouveau meurtre, Sylvain Kereneur est interpellé à Antibes. Placé en garde à vue, il avoue avoir accidentellement étouffé la seconde victime. Selon l’accusation, “il est passé aux aveux parce qu’il était acculé par les éléments matériels”. Il a “spontanément reconnu” les faits “sans ensuite jamais changer de version”. Il est mis en examen et écroué. Le 25 janvier dernier, le dossier Camilla, la première victime, est rouvert grâce à des“charges nouvelles”. “Dernier rebondissement en date, Kereneur, aujourd’hui très affaibli après trois AVC, a été renvoyé en juillet devant les assises de Cayenne pour le meurtre aggravé de Karina”, précisent nos confrères. “Les magistrats ont refusé de prendre en compte une expertise médico-légale que nous avons produite, qui est pourtant capitale : elle montre que la seule explication possible est celle de l’accident”.