Quatre mois après la mort tragique de son fils, Yannick Alléno a pris la parole. Le chef cuisinier livre les détails de l’accident qui a coûté la vie à Antoine Alléno.
Cela fait déjà quatre mois, quatre longs mois, que Yannick Alléno vit sans son fils. Dans la soirée du dimanche 8 mai dernier, Antoine Alléno a perdu la vie. A 24 ans, le jeune cuisinier est mort percuté par un chauffard en plein Paris. Après avoir volé un véhicule dans un restaurant de luxe du VIIe arrondissement, le fuyard est rentré dans le scooter du jeune homme, arrêté à un feu rouge. Le fils de Yannick Alléno est mort sur le coup. Prévenu très rapidement par les secours, le chef étoilé s’est rendu sur les lieux de l’accident et ne pourra jamais oublier les images qu’il y a vues. “J’ai vu mon fils sur le trottoir. C’était extrêmement douloureux, expliquait-il à TF1. C’est vrai que vous rentrez dans une période, après le décès d’un enfant… un monde que l’on ne connaît pas.”
Auprès de nos confrères, Yannick Alléno est revenu en détail sur l’accident qui a coûté la vie à son fils qu’il aimait tant. “C’est vrai qu’Antoine a été percuté par une voiture très puissante, très vite. Au moins, il n’a pas eu le choix, il est mort sur le coup. Il ne pouvait pas s’en sortir”, a-t-il expliqué, bouleversant de sincérité. Et d’ajouter : “Après, je me suis dit, si cette voiture avait un système de bridage automatique, comme on peut le faire sur les trottinettes, quand on arrive sur Paris… Vous êtes dans un milieu urbain, votre voiture ne peut pas dépasser les 50 km/h… est-ce que c’est faisable ? J’aimerais bien poser la question et voir si l’on peut se prémunir”. Comme le rapportent nos confrères, les proches d’Antoine Alléno n’ont même pas pu se recueillir comme ils le voulaient puisqu’à l’institut médico-légal, ils n’ont pu voir sa dépouille qu’à travers une vitre.
Yannick Alléno : “Tu vois ton môme derrière une vitre”
“Nous sommes arrivés à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, à Paris. Une pièce glauque, avec une chaise déglinguée. On nous a tendu un bout de papier, le contact d’une personne au cas où on aurait besoin de soutien psychologique. Et puis c’est tout. Même pas un verre d’eau. A 3 heures du matin, on est tous les trois partis chacun de son côté, se souvenait Yannick Alléno dans les colonnes du Journal du dimanche le 18 septembre dernier. Le lendemain, vous voulez voir votre enfant. Ça se passe à l’institut médico-légal, un bâtiment sordide derrière la gare de Lyon. Tu vois ton môme derrière une vitre.” Dévasté par la mort de son fils, Yannick Alléno avait rapidement pris la parole pour annoncer créer une association pour “soutenir les victimes des multirécidivistes” comme Antoine.
“Depuis le 8 mai, le décès d’Antoine, j’ai déjà eu l’occasion de parler à 40 personnes qui, depuis le début de l’année, ont perdu leur enfant dans les mêmes conditions que le mien. C’est un gâchis monumental pour notre société, pour notre pays, a-t-il raconté à TF1. Je les appelle les perles de la République. Mais les perles, quand on coupe le fil, ça tombe. Là, le fil est coupé, et tous les jours ça tombe. Je trouve insupportable que ces petites perles qui tombent tous les jours, on n’en parle pas. On ne dit même pas leur nom, leur prénom.” Dépité par l’absence d’action enclenchée pour arrêter ce fléau, Yannick Alléno a décidé d’agir à son niveau : “Antoine, grâce à son nom, ce qu’il représentait et ce que j’ai pu faire de ma vie de cuisinier, a eu une visibilité médiatique importante. Pour les autres, ce sont trois lignes dans un journal. Cela finit au fond d’une corbeille. On ne peut pas mettre ça sous le tapis, ce n’est pas possible. C’est trop injuste”.
Antoine Alléno : sa compagne aidée par sa famille
Comme les parents ou les frères d’Antoine Alléno, sa compagne a été dévastée par son soudain décès. Très proche du chef cuisinier, Anja ne fait légalement pas partie de la vie du jeune homme, au grand dam de son beau-père. “Des proches qui n’ont parfois aucun statut légal… Antoine était amoureux depuis six ans d’une jeune femme, ils formaient un vrai couple, regrettait-il auprès du JDD. C’est une artiste, encore étudiante aux Beaux-Arts, qui a une petite boîte de graphisme. Elle n’existe pas officiellement par rapport à Antoine, confiait le chef cuisinier, bien décidé à épauler la jeune femme dans son deuil. Notre famille est là pour elle, on veut qu’elle puisse finir ses études. Si nous récoltons des fonds, nous voudrions aider d’autres jeunes dans cette situation.”