37 dossiers de crimes sériels ou non élucidés font l’objet d’une enquête au sein du nouveau pôle judiciaire installé il y a six mois au tribunal de Nanterre. D’autres affaires sont toujours à l’étude.
“Nourrir la mémoire criminelle”. Depuis son installation le 1er mars dernier au sein du tribunal de Nanterre, le nouveau pôle judiciaire consacré aux crimes sériels ou non-élucidés travaille à constituer un stock de dossiers. C’est sur ces affaires que travailleront les trois premiers juges d’instruction désignés pour intégrer la juridiction et les deux magistrats du parquet.
Au lancement du pôle, le chiffre de 240 affaires sur toute la France avait été évoqué.
“Aujourd’hui, 193 dossiers peuvent faire l’objet d’une transmission au pôle dans la perspective de l’ouverture d’une information judiciaire ou dans la perspective d’une enquête préliminaire, a indiqué le procureur de la République de Nanterre lors d’un point-presse ce mardi. On ne sait pas combien de dossiers sont éligibles à terme au pôle, peut-être que ce sera plus que 240.”
Actuellement, le pôle enquête sur 37 dossiers, 35 ont été confiés à l’une des trois magistrates recrutées. “On envisage une quarantaine de transmissions supplémentaires, dont 25 ouvertures d’information judiciaire d’ici la fin de l’année”, poursuit Pascal Prache, qui vante la communication “fluide” avec les juridictions locales.
Depuis le mois de mars, le parquet doit faire le tri parmi toutes ces affaires criminelles – les meurtres, empoisonnements, viols, actes de torture et de barbarie, enlèvements, séquestrations. Dans les deux tiers des affaires traitées, ce sont les parquets ou magistrats locaux qui ont informé le nouveau pôle de l’existence de ces dossiers. Les services d’enquête, les avocats sont aussi à l’origine de ces saisines. Mais le pôle “cold case” s’appuie aussi sur les articles de presse locale pour identifier ces affaires.
Pourquoi un dossier et pas un autre entrerait dans le giron de ce pôle spécialisé composé de magistrats choisis pour leur parcours professionnel en lien avec ces affaires non-élucidées? Il a fallu émettre des critères. La priorité est donnée aux affaires dans lesquelles il y a une série de crimes. Viennent ensuite les critères liés aux circonstances particulières des faits, puis si la victime ou les victimes sont mineures ou s’il y a plusieurs victimes lors d’un seul crime, par exemple si c’est un couple qui est victime d’un homicide.
Sur ces critères, les dossiers impliquant le tueur en série Michel Fourniret ont été transférés à Nanterre, idem pour celui du “Grêlé“, François Vérove, qui arrive dans les bagages de la juge d’instruction parisienne Nathalie Turquey. La disparition de Marion Wagon en 1996 va être réexaminée. Concernant les “disparus de l’Isère”, une affaire qui porte sur les meurtres ou disparitions de dix enfants dans la région dans les années 80, le choix des dossiers se fait “au cas par cas”. Le dossier le plus récent remonte à 2020, le plus ancien à 1972 et l’enlèvement de la famille Méchinaud. L’affaire de la tuerie de Chevaline est encore en suspens.
Le nouveau pôle judiciaire sur les crimes sériels et non élucidés s’appuie sur un principe: “apporter une plus-value” à ces dossiers. Pas question de confier plus de “25 à 30 dossiers” par juge d’instruction. “L’objectif est d’avoir un taux d’élucidation qui soit en situation de démontrer que le pôle fonctionne”, rappelle Benjamin Deparis, le président du tribunal de Nanterre.