Ce lundi, un jeune homme est jugé pour homicide involontaire après un accident de voiture. Dans l’habitacle, des capsules de protoxyde d’azote ont été retrouvées, mais ce produit ne fait pas partie des substances illicites au volant.
“Il faut anticiper et légiférer avant que d’autres drames comme celui-ci se produisent”. Haro sur la consommation de protoxyde d’azote au volant. Le combat de Jean-Yves Lamant, président de la Ligue contre la violence routière, trouve une triste illustration dans le procès qui s’ouvre ce lundi devant le tribunal judiciaire de Metz. Un jeune homme comparaît pour homicide et blessures involontaires après un accident de voiture qui a fait deux blessés et un mort, Kenny, 18 ans.
Le soir du 31 août 2020, cet étudiant en bac pro mécanique originaire de Puttelange-aux-Lacs, en Moselle, monte en voiture avec trois amis. Sur la départementale entre Théding et Folkling, le conducteur perd le contrôle du véhicule, fait une sortie de route et heurte violemment un arbre. Kenny meurt sur place, après l’arrivée des secours, tandis que deux autres passagers sont transportés à l’hôpital.
Dans l’habitacle, plusieurs cartouches de protoxyde d’azote sont découvertes. Initialement employé en cuisine pour sa fonction de propulseur, et en médecine pour ses propriétés anesthésiantes, ce produit – surnommé “gaz hilarant” – est également utilisé à des fins récréatives, inhalé avec un ballon.
Outre l’euphorie temporaire qu’il procure, le protoxyde d’azote peut également entraîner des distorsions auditives et des hallucinations. Une question se pose alors: le conducteur en a-t-il consommé avant de prendre le volant?
“L’état actuel de la loi ne permet pas de le savoir car le protoxyde d’azote ne fait l’objet d’aucun dépistage, à l’inverse de l’alcool et des stupéfiants”, tance Jean-Yves Lamant. En effet, ce produit ne figure pas sur la liste des substances illicites au volant. Par conséquent, la consommation du gaz hilarant ne constitue pas, dans la loi, une circonstance aggravante dans le cas d’un accident de la route.
“On essaye d’œuvrer auprès du législateur pour le faire reconnaître comme un produit illicite, mais pour l’instant la seule réponse qu’on a eue, c’est une loi qui interdit la vente du protoxyde d’azote aux mineurs. Ça n’a rien à voir avec les dangers de la circulation”, regrette le président de Ligue contre la violence routière.
Depuis la mort de Kenny, l’association de Jean-Yves Lamant s’est ralliée à Amandine Burger, la mère de la victime, dans leur combat commun contre la consommation de protoxyde d’azote sur la route.
“Il faut faire de la prévention et de la répression par rapport à cela. Qu’on reconnaisse le gaz hilarant comme une faute aggravante au volant. Je pense que c’est comme une drogue“, insiste Amandine Burger auprès de France Bleu Moselle. La question de l’encadrement de la consommation du protoxyde d’azote devrait donc être centrale dans ce procès.