Gilles Rossary-Lenglet, l’homme au coeur des révélations dans cette affaire de chantage à la sextape à la mairie de Saint-Étienne, assure avoir reçu 50.000 euros de la mairie pour piéger Gilles Artigues.
Des réunions secrètes, un piège fomenté, un “barbouze” pour le réaliser, une caméra cachée, les dessous de l’affaire de chantage à la sextape à la mairie de Saint-Etienne donne des airs de complot politique à la manière du KGB. L’homme par qui les révélations sur cette machination sont arrivées sort ce jeudi du silence. Gilles-Rossary-Lenglet revient sur cette “mise à mort politique” à l’encontre de Gilles Artigues.
En 2014, l’actuel maire Les Républicains de Saint-Étienne alors est fraîchement élu. Son premier adjoint, mais aussi rival s’appelle GIlles Artigues. “Dans une réunion entre Gaël Perdriau, Pierre Gauttieri (son directeur de cabinet, NDLR) et Samy Kefi-Jérôme (l’adjoint à l’Education et compagnon de Gilles Rossary-Lenglet à l’époque, NDLR) les idées fusaient sur comment fracasser Gilles Artigues, comment le tenir, assure auprès de France Inter Gilles Rossary-Lenglet. C’est-à-dire soit le tuer politiquement, soit le contrôler.”
Mis dans la boucle, Gilles Rossary-Lenglet imagine le plan, commandité par “Gaël Perdriau et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri”, qui permettrait au maire de “tenir” son rival.
“Je sais faire ce genre de barbouzeries, assume-t-il auprès du Parisien. Je me suis rendu à la mairie et j’ai tout de suite proposé d’aller sur une affaire de mœurs”.
Gilles Artigues, père de famille, catholique, a fondé sa carrière politique sur des valeurs traditionnelles, conservatrices. La décision est prise de le piéger en compagnie d’un escort boy dans une chambre d’hôtel à Paris.
“Alors que vous dites du mal sur les homos et qu’on vous voit batifoler avec un escort gay, il va de soi que là vous tenez une mise à mort politique sur la personne”, tranche Gilles Rossary-Lenglet.
Gilles Rossary-Lenglet dit s’être fait fournir une caméra go-Pro par une secrétaire de la mairie de Saint-Étienne. Samy Kefi-Jérôme a “payé” l’escort boy à hauteur de “300 euros” et “a fait venir Gilles Artigues dans la chambre”. Ce dernier dit s’être fait servir une coupe de champagne et ne plus se souvenir de la suite. Gilles Rossary-Lenglet nie de son côté que de la drogue ait pu être utilisée ce soir-là.
La suite pour Gilles Artigues intervient 18 mois plus tard. “Samy Kefy-Jérôme lui donne connaissance d’une partie de la vidéo en lui disant ‘voilà un petit film que j’ai réalisé, je vous montre les deux premières minutes, la suite est beaucoup plus terrible pour vous. Si vous ne faites pas ce qu’on vous dit de faire à l’avenir, elle sera diffusée'”, détaille sur France Inter Gilles Rossary-Lenglet évoquant une vidéo synonyme de “dissuasion nucléaire”.
Gilles Artigues dit avoir alerté le Gaël Perdriau quelques jours après cette rencontre. Le principal intéressé nie avoir participé à ce complot, à sa mise en place et avoir été informé de l’existence de la vidéo. Lors des premières révélations, l’élu disait n’avoir aucune connaissance sur cette affaire. Il reconnaît aujourd’hui avoir eu connaissance de “rumeurs” mais dit “ne pas y avoir prêté attention”. Le maire de Saint-Étienne évoque aujourd’hui un complot visant à l’empêcher de se présenter à la présidence de son parti Les Républicains.
Gilles Rossary-Lenglet dit avoir été payé “50.000 euros” pour monter le piège et réaliser la vidéo. Une somme financée par des associations subventionnées par la ville, selon lui. “Une partie m’a été donnée en nature par l’achat à bas prix d’une sculpture. Les 40.000 euros restant m’ont été remis sur une période d’un an et demi”, poursuit-il assurant avoir donné “20.000 euros” à son compagnon de l’époque Samy Kefi-Jérôme.
Une enquête a été ouverte, trois juges d’instruction ont été nommés dans cette affaire. Des perquisitions ont déjà eu lieues aux domiciles des protagonistes mais aussi à la mairie de Saint-Étienne et au conseil régional. Gaël Perdriau lui a porté plainte pour “dénonciation calomnieuse”.