De nombreuses cellules de la deuxième plus grande prison du pays, largement surpeuplée, sont insalubres.
La réalité derrière la polémique. Fin août, plusieurs médias avaient diffusé des images de détenus de la prison de Fresnes faisant du karting dans la cour de la prison de Fresnes, dans le cadre d’une émission baptisée “Kohlantess.” Alors qu’une partie de la classe politique dénonçait des prisons devenues “colonies de vacances”, BFMTV a pu visiter, en compagne de la députée communiste Elsa Faucillon, l’établissement pénitentiaire francilien où le quotidien devient de plus en plus difficile.
Inaugurée à la fin du XIXe siècle, la prison qui accueille 1783 détenus pour 1302 places disponibles est bien loin des standards de modernité. Dans certaines cellules, les conditions d’hygiène sont extrêmement dégradées et l’humidité facilite la prolifération d’indésirables.
“Les cafards, il y en a tout le temps, ce sont des copains. La lumière, elle est éteinte la nuit. C’est un autre monde. Franchement, les punaises de lit c’est ‘waouh.’ L’année dernière quand j’étais là, elles m’ont mangé le dos”, témoigne un détenu à notre caméra.
Dans la cour de l’établissement, ce sont des rats qui pullulent au milieu des détritus. Le long des couloirs, des poubelles sont laissées à l’abandon. Du côté de l’administration, on est bien conscients de cette situation catastrophique.
“Fresnes était un établissement qui finalement tenait debout. Mais ce qui était intéressant et moderne à l’époque de son ouverture à l’époque ne l’est plus”, assure, à notre antenne, Jimmy Delliste, directeur des lieux.
Or, dans ce vieux bâtiment, les réparations sont extrêmement compliquées. Les surveillants pénitentiaires déplorent de leur côté un criant “manque de personnel.”
En ce qui concerne la polémique Kohlantess, détenus et surveillants s’accordent à dire que les images sont choquantes. Cependant, ces derniers assurent que ces moments sont aussi importants pour les détenus afin de se réinsérer et de communiquer. De plus, seule une dizaine de détenus a participé à cette activité, qui n’a pas été proposée à la majorité des occupants de Fresnes.
“Mis à part la bibliothèque, de temps en temps ils nous mettent une activité dessin. Mais ne serait-ce que mettre un ballon et un terrain de foot, ce serait le luxe”, assure un prisonnier auprès de notre caméra.
Les activités socio-culturelles et sportives sont loin d’être une exception en prison, et se caractérisent même par leur grande diversité. La loi pénitentiaire de 2009 les a d’ailleurs rendues obligatoires. Selon l’Observatoire internationale des prisons (OIP), c’est avant tout le sport qui est prisé par les détenus, pratiqué entre une à trois heures par semaine. Ces activités sont toutes validées en amont par l’administration pénitentiaire.
L’établissement traîne ainsi une solide réputation de taudis. En 2000, la ministre de la Justice de l’époque, Élisabeth Guigou, annonçait une rénovation totale de l’établissement pénitentiaire de Fresnes qui n’a jamais vu le jour. En 2018, le tribunal administratif de Melun, compétent pour la prison de Fresnes, avait enjoint l’administration pénitentiaire de rénover dans un délai de six mois les cours de promenade du quartier “hommes”.
Trois ans plus tard, c’est le Conseil d’État qui condamnait l’État pour ne pas avoir fait réaliser d’autres travaux. La cour européenne des Droits de l’Homme a elle-aussi condamné la France pour les conditions inhumaines et dégradantes dans cet établissement.