Le gendarme envoie des messages inquiétants à son ex-conjointe pendant des semaines en se faisant passer pour son supérieur. Son but est de la convaincre de se remettre en couple avec lui.
Un faux chef de brigade pour tenter de recoller les morceaux. Un gendarme a été condamné mercredi par le tribunal correctionnel de Nantes, en Loire-Atlantique, pour avoir pris l’identité de son supérieur afin de harceler son ancienne compagne et la pousser à se remettre en couple avec lui, rapporte jeudi Le Parisien.
La supercherie a été découverte à l’occasion d’une banale discussion entre collègues. Jérôme M., commandant de gendarmerie, échange avec une autre gendarme pendant des vacances aux sports d’hiver et se rend compte qu’il est victime d’une usurpation d’identité de la part d’un des membres de sa propre brigade.
Guillaume D., le gendarme à l’origine de cette usurpation, avait mis au point un plan précis. Au moyen d’une application pour smartphone, il masque son numéro pour que s’affiche celui de son supérieur. Le subterfuge mis en place, il envoie des messages préoccupants à son ex-conjointe. L’objectif: la convaincre qu’il ne va pas bien et qu’elle doit se remettre en couple avec lui.
Si la jeune femme croit aux premiers textos qu’elle reçoit, elle a finalement des doutes après plusieurs semaines. Au tribunal, elle évoque des messages “insistants” qui lui font penser à une “mise en scène” de son ancien compagnon. Elle finit par porter plainte le 10 février dernier.
Devant le tribunal, la jeune femme revient sur sa rencontre, inhabituelle, avec son ex de gendarme, pendant une garde à vue pour détention de cannabis trois ans plus tôt. L’affaire vaut à l’époque 10 jours de sanction disciplinaire à Guillaume D.
Elle évoque aussi la consommation d’alcool problématique de son ancien compagnon, une tendance qu’elle remarque environ 6 mois après le début de leur relation. L’intéressé ne nie pas son attirance pour la boisson et évoque un “problème” né, déjà, d’une précédente rupture. Il se dit “plein de remords et de regrets”.
“Jaloux”, “impulsif”, “capable de mentir sur tout et n’importe quoi”… La jeune femme dresse un portrait sévère du gendarme qui assure avoir subi des abus sexuels dans son enfance, ce qui s’avère faux. Elle mentionne également de premiers faits de harcèlement juste après leur séparation. À l’époque, Guillaume D. menace de “mettre fin à ses jours”.
L’affaire n’a pas que des conséquences négatives sur la vie de la jeune femme. En effet, après avoir déposé plainte contre son subalterne, Jérôme M. doit “partir à la va-vite”, la gendarmerie donnant interdiction aux deux hommes d’évoquer le sujet, d’après son avocate.
La suite de sa carrière s’en trouve affectée. Muté à un autre poste, l’ancien commandant de police de Loire-Atlantique déplore avoir “perdu financièrement” dans ce changement forcé, en plus d’avoir été affecté mentalement, alors qu’il se remettait tout juste d’un burn-out.
Guillaume D. est condamné à 10 mois de prison avec sursis probatoire et à verser, entre autres, 2000 euros de dommages et intérêts à son ex compagne et 1500 euros de dommages et intérêts à son ancien commandant.
Il devra également être suivi psychologiquement pour son addiction à l’alcool pendant deux ans, suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales et ne pas entrer en contact avec son ancienne compagne.