Une enquête a été ouverte par le parquet de Montpellier à l’encontre de deux faux médecins inscrits sur Doctolib. La plateforme annonce le renforcement de ses procédures de vérification.
Doctolib a d’ores et déjà annoncé un renforcement de ces procédures de vérification. Une enquête a été ouverte par le parquet de Montpellier à l’encontre de deux faux médecins pour “exercice illégal de la médecine”, indique une source judiciaire confirmant les informations de Radio France.
La procédure a été lancée à la suite d’une plainte d’une mère de famille et du Conseil départemental de l’Hérault de l’Ordre des médecins à l’encontre de deux faux praticiens consultés via la plateforme de prise de rendez-vous médicaux Doctolib.
Les deux enfants de Carole, âgés de 10 et 11 ans, étaient suivis par un psychiatre pour des troubles de l’attention avec hyperactivité. Des troubles TDAH traités via un médicament (le Ritaline), dont l’ordonnance devait être renouvelée tous les 28 jours.
Mais début juin, le praticien qui suit habituellement les enfants est en vacances. La mère de famille cherche alors un autre médecin sur Doctolib pour renouveler cette ordonnance.
Au cours de ses recherches, elle tombe sur le profil du docteur David Cantat, qui se présente comme psychiatre de l’enfant et de l’adolescent qui exerce dans un centre médical à Montpellier. Le médecin a de nombreuses disponibilités, nombreuses sont celles marquées d’un point bleu: sur la plateforme, cela signifie que la consultation est assurée par un remplaçant.
Carole prend donc rendez-vous en téléconsultation avec cette remplaçante, le docteur Laura Smith. “Trente minutes avant la consultation, j’avais reçu un lien de Doctolib m’invitant à rejoindre la salle d’attente virtuelle”, explique la mère de famille à France Info, qui explique qu’elle rencontre à ce moment-là des problèmes de connexion en cliquant sur le lien.
La praticienne l’appelle alors sur son téléphone portable et lui propose de passer par l’application WhatsApp pour assurer la consultation. Carole allume sa caméra, mais ne voit pas son interlocutrice, cette dernière lui assurant que sa vidéo ne fonctionne pas. La mère de famille s’interroge mais ayant besoin de l’ordonnance, elle poursuit la conversation.
La deuxième alerte intervient lorsque Carole expose le motif du rendez-vous. “La pathologie de mes enfants s’appelle le TDAH”, poursuit-elle auprès de la radio.” Je lui ai donc parlé avec cette abréviation mais je voyais bien qu’elle ne comprenait pas.” La consultation prend fin, la praticienne assure qu’elle enverra l’ordonnance sur l’espace personnel sécurisé de Doctolib.
Or Carole ne reçoit pas l’ordonnance, mais une feuille de remboursement. Rapidement, elle bloque le paiement via sa carte bleue qu’elle a engagé sur la plateforme. Elle alerte Doctolib, notamment en raison de la transmission des dossiers médicaux à la plateforme que la fausse praticienne a pu consulter, et dépose plainte le 21 juin dernier. Le Conseil départemental de l’Hérault de l’Ordre des médecins s’associe à la procédure et dépose plainte à son tour.
“Ma cliente a été énormément impactée par cette affaire”, expliqué l’avocate. “Nous avons monté tout ce dossier car elle pensait vraiment avoir à faire à un réel médecin, par le fait d’être passée par la plateforme Doctolib”, a réagi Me Madeleine Archimbaud, avocate de la plaignante, qui précise que la fausse praticienne proposait également une consultation offerte pour une consultation réalisée.
“Nous ne parlons pas d’un simple généraliste, mais d’un pédopsychiatre, les faits sont graves. C’est entre les mains du parquet”, ajoute-t-elle.
“S’il y a une consultation, c’est qu’il y a un problème de santé, ce type d’arnaque peut être extrêment grave”, estime auprès de BFMTV.com le Dr Philippe Cathala, président du Conseil départemental de l’Ordre des médecins. “Ces personnes abusent de la confiance des gens. Averti au début de l’été par la mère des deux enfants, le Conseil a porté plainte à la mi-juillet contre les deux faux praticiens”.
Le médecin rappelle qu’en cas de doute sur un praticien, il existe un moyen très simple pour les patients de vérifier si ce dernier est bel et bien un médecin diplômé. “Les noms sont mis en ligne sur le site de chaque conseil départemental de l’Ordre des médecins”, indique le Dr Cathala. “Je suis surpris que Doctolib ne fasse pas de démarche de vérification a priori et la réalise a posteriori. Tout le système de soin fait confiance à cette plateforme, il faut mériter cette confiance.”
Jeudi, la plateforme Doctolib a fait savoir qu’elle allait renforcer sa procédure de vérification. Jusqu’alors un délai de 15 jours existait entre l’inscription des praticiens relevant d’une profession de santé réglementée, comme c’est le cas des psychiatres, et la vérification du profil du praticien par la plateforme. “Un délai de 15 jours accordé aux professionnels de santé pour permettre notamment aux nouveaux installés d’ouvrir la prise de rendez-vous en amont de l’ouverture de leur cabinet”, explique Doctolib dans un communiqué.
“Nous avons désormais supprimé ce délai de 15 jours”, annonce la plateforme.
Pour la seconde fois cette semaine, Doctolib est ainsi obligé de faire le ménage. Alors que des rendez-vous étaient proposés avec certains naturopathes, ayant des pratiques dangereuses, proches des dérives sectaires, Doctolib a suspendu 17 profils de praticiens et a annoncé une clarification du “contenu des fiches des praticiens non réglementés en mentionnant de manière explicite qu’ils ne sont pas des professionnels de santé”. Une équipe dédiée est d’ailleurs mise en place pour vérifier l’identité de ces praticiens.