En Gironde, les enquêteurs sont déjà à pied d’œuvre pour déterminer les causes des incendies qui ravagent depuis mardi 12 juillet les alentours du bassin d’Arcachon. À Landiras, un homme a finalement été remis en liberté après avoir été placé en garde à vue.
Alors qu’une accalmie semble se dessiner sur le front des incendies autour du bassin d’Arcachon, ravagé depuis plus d’une semaine par les flammes, les forces de l’ordre sont déjà au travail pour déterminer leur origine. Selon les informations de BFMTV, des enquêteurs judiciaires devaient se rendre mercredi dans la forêt de La Teste-de-Buch, en vue d’une analyse de la camionnette pointée du doigt dans l’embrasement de la végétation.
Comme après chaque départ de feu en milieu naturel, entraînant ou non des pertes matérielles ou humaines, la justice se saisit du dossier afin de déterminer les causes. Ce travail est notamment mené par la cellule de recherche des causes et circonstances incendies (RCCI), qui a vu le jour en 2003 dans le Var.
Son objectif? Faire parler les cendres, en se reposant sur l’expertise de plusieurs acteurs dans la lutte contre le feu. À savoir les pompiers, les forces de l’ordre, mais également les agents de l’Office national des forêts (ONF).
En 2019, le chef du département environnement-incendies-explosifs à l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie Guillaume Cognon, expliquait à BFMTV.com: “Il faut rechercher l’origine de l’incendie, expliquer comment le feu s’est déclenché et évaluer si la propagation est compatible avec ce qui est observé”.
“Il faut qu’il y ait un triangle du feu. (…) Pour qu’un feu prenne, il faut un combustible, de l’oxygène et une source d’énergie”, continuait-il.
L’objectif premier est de déterminer si le feu est d’origine naturelle – seulement possible lorsque la foudre frappe la végétation – ou d’origine humaine, accidentelle ou volontaire. “S’il y a plusieurs départs de feu ou si quelque chose n’a pas brûlé comme le reste, l’origine apparaît suspecte, que ce soit criminelle ou délictuelle”, expliquait de son côté Guillaume Groult, secrétaire national adjoint du syndicat de police scientifique.
Sachant que l’homme est responsable à 80% des départs de feu, les enquêteurs se concentrent donc d’abord sur cette piste. Une fois la zone de départ du feu identifiée, qui n’est pas forcément la plus calcinée, le feu ayant tendance à gagner en chaleur avec le temps, le sol est ratissé.
Les enquêteurs sont à la recherche de briquets, ou d’hydrocarbures. Des chiens,spécialisés dans la détection de produits combustibles sont mobilisés, et les enquêteurs équipés de détecteurs portables d’hydrocarbures. Des prélèvements de matière sont réalisés, les éléments suspects envoyés en laboratoire.
La connaissance du terrain calciné est primordiale. Les enquêteurs étudient avec attention les clichés aériens pris lors du sinistre. En étudiant les vents à l’œuvre lors du drame, mais également la topographie de la zone sinistrée, il devient alors possible de comprendre la dynamique des flammes. Mais il faut aussi prendre en compte les installations situées à proximité du drame, pouvant offrir une indication aux enquêteurs. Une aire de camping sauvage se trouve-t-elle à proximité? Une aire d’autoroute a-t-elle été observée?
Dans le quotidien La Croix, Christophe Peigne, qui officie au sein de la RCCI, explique donner une importance primordiale aux traces laissées par les flammes, et évoque le travail “d’archéologues” mené par son équipe. Cailloux, morceaux de bois et petits animaux décédés sous les flammes sont analysés avec le plus grand soin.
Quant aux agents de l’ONF, leur connaissance de la forêt permet d’appréhender un peu plus le déroulé des événements.
“Le fait de travailler avec un forestier qui connaît bien les essences est précieux. Par exemple, les graminées ont tendance à se pencher vers les flammes, alors que d’autres végétaux un peu plus gros ont tendance à se coucher dans la direction opposée”, confie à Libération Alain Marcastel, le capitaine des pompiers de Gironde.
Le temps est également primordial. Il faut agir vite avant que le vent ou la pluie ne viennent effacer les traces.
“C’est un vrai travail d’enquête. On propose des hypothèses, on en écarte d’autres”, conclue-t-il.
En Gironde, le travail continue. Après l’identification de la camionnette qui s’est embrasée à La Teste-de-Buch, à l’origine de la destruction de 20.800 hectares, il faut désormais que les enquêteurs puissent comprendre le déroulé exact des événements.
À quelques kilomètres de là, à Landiras, c’est la piste criminelle qui est privilégiée. En début de semaine, un homme avait été interpellé par les forces de l’ordre, puis placé en garde à vue. Il a finalement été libéré dans la nuit de mercredi à jeudi, faut d’éléments suffisants pour le mettre en cause.