Si la cause de l’incendie qui embrase le secteur de La Teste-de-Buch paraît accidentelle, c’est la piste criminelle qui est privilégiée en ce qui concerne le départ de feu de Landiras. Le profil du suspect placé en garde à vue dans ce dossier se précise.
Ce mardi matin, les autorités ont déclaré que 19.300 hectares de forêts avaient déjà été emportés par les brasiers, à l’issue d’une semaine de luttes infructueuses contre les flammes. 6500 relèvent du territoire de La Teste-de-Buch, 12.800 de la commune de Landiras. Et tandis que 2000 pompiers mettent tout en oeuvre pour vaincre les incendies, enquêteurs et experts cherchent à en identifier l’origine, et à fixer les responsabilités éventuelles.
Les investigations ont connu un développement décisif lundi après-midi avec l’interpellation et le placement en garde à vue d’un individu suspecté d’avoir volontairement allumé le feu de Landiras. D’après nos informations recueillies ce mardi auprès du parquet de Bordeaux, le profil de ce suspect est de mieux en mieux connu.
Au vu des premiers éléments collectés, l’incendie de La Teste-de-Buch a été provoqué la panne électrique d’un camion. Mais en ce qui concerne le brasier de Landiras, la nature criminelle de l’événement ne fait plus guère de doute.
Après l’annonce lundi en fin d’après-midi par la procureure de la République de Bordeaux Frédérique Porterie de l’interpellation et du placement en garde à vue d’un homme dans ce dossier, il apparaît – selon nos informations glanées auprès du parquet de Bordeaux – que le suspect est âgé de 39 ans, et qu’il est originaire et résident de la Gironde. Il a déjà pu être entendu mais refuse de s’expliquer. L’individu avait déjà été entendu pour des faits similaires courant 2012 mais l’enquête avait été classée deux ans plus tard, faute d’élément probant.
Ce placement en garde à vue s’inscrit dans le cadre de l’enquête ouverte pour destruction par incendie de bois, forêt, maquis, lande, ou plantation d’autrui pouvant causer un dommage aux personnes, et confiée à la Brigade de recherches de la commune girondine de Langon.
Si le déroulement des événements reste à établir avec certitude, “les techniciens en identification criminelle ont pu effectuer des constatations qui accréditent un acte volontairement malveillant”, a certifié la procureure de la République qui a rappelé que de “nombreuses expertises” étaient en cours.
C’est le récit d’un témoin, dont notre antenne a également pu prendre connaissance, qui a mis les enquêteurs sur la piste du suspect.
Mardi 12 juillet dernier, un homme, garagiste de profession et accompagné de sa fille, roule dans les environs de Landiras à 16h25 lorsqu’il avise la présence d’un véhicule sur un bas-côté, au niveau du carrefour de la Départementale 116. Ce dernier démarre aussitôt. Le garagiste se déplace jusqu’à l’endroit que le chauffeur pressé vient de quitter et s’aperçoit qu’un feu est en train de naître. Celui-ci va d’ailleurs se fortifier et se propager malgré les efforts du témoin. C’est donc cet incendie qui dévaste actuellement les abords de Landiras.
Le communiqué de la procureure de la République de Bordeaux a donné une dimension supplémentaire aux investigations: les enquêteurs s’intéressent non seulement à cet événement raconté par le témoin mais explorent aussi un lien possible entre l’incendie de Landiras et d’autres départs de feu constatés le même jour – dans le même secteur – mais à des horaires différents. “Pour l’heure, aucun élément ne milite en ce sens”, a reconnu Frédérique Porterie avant d’enchaîner: “Mais des indices restent à exploiter afin d’éliminer ou de retenir la thèse d’un même auteur”.
Les enquêteurs veulent enfin savoir si le suspect est mêlé à trois autres départs de feu, constatés entre mercredi 13 juillet et le vendredi 15 juillet, des brasiers heureusement éteints par les pompiers. Un individu jugé responsable d’un feu de forêt volontaire encourt 15 ans de réclusion et 150.000 euros d’amende.