C’est en 2012 que cette Bretonne rejoint les rangs de Daesh.. Régulièrement apparue dans des vidéos de propagande, elle avait été placée par l’ONU sur sa liste noire des combattants les plus dangereux.
Un retour en France, 10 ans plus tard. Comme l’a appris ce jour l’AFP d’une source proche du dossier, Emilie König, l’une des jihadistes françaises les plus connues, fait partie des 16 mères rapatriées mardi par Paris depuis des camps de prisonniers jihadistes en Syrie. Au total, la France a, ce jour, rapatrié 35 mineurs et 16 mères, répondant à une demande répétée des ONG et des familles qui disent espérer la fin de la politique “inhumaine” du “cas par cas”.
Actuellement âgée de 37 ans, cette Bretonne d’origine était partie rejoindre le califat islamique dès 2012, faisant d’elle l’une des premières Françaises sur place. Sur place, la trentenaire est soupçonnée d’avoir été l’une des recruteuses les plus actives du groupe terroriste État islamique.
Elle était également visée pour avoir notamment incité certains de ses proches en France à commettre des actions violentes et avoir tourné des vidéos de propagande appelant au jihad armé, où elle-même avait en main des fusils-mitrailleurs.
C’est finalement fin 2017 qu’Emilie König avait été interpellée par les forces kurdes et placée dans un camp de réfugiés où elle est depuis restée captive. Elle, ainsi que plusieurs mères de familles également emprisonnées, réclamaient un rapatriement de la part des autorités françaises pour elle et leurs enfants. Dans une vidéo diffusée courant 2018, la jeune femme assurait être “traitée correctement” par ses geôliers.
Cette fille de gendarme, qui s’est convertie dès son premier mariage avec un homme d’origine algérienne, apprend alors l’arabe, se fait appeler Samra, se voile entièrement et, au contact du groupe islamiste nantais Forsane Alizza, entame sa radicalisation. Elle abandonne ses deux enfants, qu’elle revient chercher en France, sans succès, en 2013, et accouche de trois nouveaux enfants en Syrie. Ces derniers avaient déjà été rapatriés par la France.
Lors d’un entretien accordé à l’AFP l’an passé, Emilie König appelait une nouvelle fois la France à la faire revenir sur son territoire et fustigeait le manque d’informations à ce sujet. Lors de cet entretien, cette dernière faisait part de ses regrets mais refusait l’idée même de finir en prison.
“Bien sûr que je regrette, parce que ça a détruit ma vie”, affirmait-elle. “Déjà ça fait quatre ans que je suis emprisonnée donc je pense que ça doit être pris en compte, et je vois pas pourquoi j’irais en prison.”
“Je trouve que c’est injuste, parce que j’ai rien fait, j’ai pas de sang sur les mains, j’ai pas bombardé, j’ai pas tiré sur des gens, j’étais une femme au foyer”, se justifiait-elle.
Pourtant, son futur proche devrait bel et bien passer par la case prison. Visée par un mandat d’arrêt, elle devrait être mise en examen puis incarcérée après son passage devant des magistrats.
Parmi les 18 femmes rapatriées, âgées de 22 à 39 ans, toutes sont françaises sauf deux qui ont des enfants français. Huit ont été placées en garde à vue, les autres, également visées par un mandat d’arrêt, seront présentées à un juge d’instruction en vue d’une possible mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste, a expliqué le parquet national antiterroriste dans un communiqué.
En ce qui concerne les mineurs, 7 d’entre eux sont isolés ou orphelins. Ils devront être confiés à l’aide sociale à l’enfance pour une évaluation de leur état de santé. Là, seulement, ils seront confiés à des familles d’accueil placées non-loin de leur famille biologique afin de tenter de renouer un contact progressif.