35 enfants français et leur mère ont été rapatriés par la France. Ils étaient détenus dans les camps du nord-est syriens. Un rapatriement réclamé de longue date.
L’ONU, la Défenseure des Droits, des associations le réclamaient depuis des mois. La France a rapatrié ce mardi 35 enfants, tous mineurs, qui étaient jusqu’alors détenus dans des camps de prisonniers jihadistes au nord-est syrien depuis la chute de l’État islamique dans la région. Le Quai d’Orsay, dans un communiqué, précise que leurs mères, au nombre de 16, font elles aussi l’objet d’un rapatriement.
Une fois sur le sol français, les enfants ont été examinés par des médecins. Ils vont désormais être confiés à l’Aide sociale à l’enfance. Sept d’entre eux sont des enfants isolés, c’est-à-dire sans représentant légal en France. Ils seront ensuite placés dans des familles d’accueil ou en foyer. Un juge devra statuer sur le sort de ces enfants, dont la plupart sont réclamés par leurs grands-parents.
L’un des 35 enfants, qui sera majeur dans les prochains jours, a été placé en garde à vue, a annoncé le parquet national antiterroriste. Des éléments susceptibles de caractériser une participation à une association de malfaiteur terroriste sont apparus selon la justice française.
Parmi les 16 femmes rapatriées, quatre avaient au préalable accepté que leurs enfants rentrent en France sans elles. Les 12 autres sont revenues avec leurs enfants. Âgées de 22 à 39 ans, elle sont toutes de nationalité française, à l’exception de deux d’entre elles. De nationalité étrangère, elles ont toutefois des enfants français. Elles ont été remises aux autorités judiciaires, huit ont été placées en garde-à-vue en exécution d’un mandat de recherche. Les autres faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt.
La doctrine de la France concernant ces enfants repose sur un examen au cas par cas de ces mineurs, nés sur le territoire syrien mais de mères françaises. Une doctrine qui estime que les mères, combattantes ou femmes de jihadistes, doivent être jugées sur place et que les enfants ne doivent pas être séparés de leur mère. Depuis mars 2019, Paris avait jusqu’alors rapatrié 35 enfants. Ce rapatriement est donc le premier d’ampleur mené par la France alors qu’on estimait qu’il y avait encore 80 femmes et 200 enfants dans les camps kurdes de la Syrie.
“Nous espérons surtout que ce rapatriement signe la fin de cette abjecte politique du ‘cas par cas’ qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères abandonnées dans le camp, s’est félicité le collectif des Familles Unies. C’est la première fois que la France rapatrie des enfants avec leurs mères des camps de prisonniers syriens, et cette première opération doit sonner le glas d’une politique inhumaine qui dure depuis des années.”
Cela fait des mois que le rapatriement de ces 200 enfants, qui vivent dans des conditions insoutenables entre malnutrition, maladies, manque d’hygiène ou encore incendie, est réclamé. Par leurs familles, qui après des échecs devant les tribunaux français, ont saisi la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui devrait rendre sa décision dans les mois à venir.
Ce rapatriement est également réclamé par des parlementaires, dont 80 ont signé une tribune en ce sens en février 2021. Mais aussi par la Défenseure des Droits qui, ce mardi dans Le Parisien, appelle à “accélérer” le retour de ces enfants en “urgence”.
“C’est la peur de l’opinion publique qui bloque, dénonce Claire Hédon. Il faut être courageux, Laisser des enfants dans cette situation est tragique.”
Le 24 février dernier, la France a pourtant été condamnée par le comité des droits de l’enfant de l’ONU pour violation de “l’intérêt supérieur de l’enfant”, du “droit à la vie” et du droit des enfants à la protection “contre les traitements inhumains et dégradants”. Des familles d’enfants détenus sur place ont également saisi