Hasard du calendrier, ce rapport a été publié ce mardi par une mission d’information de l’Assemblée nationale. Une mission menée par un groupe de députés qui ont établi une sorte de diagnostic de l’état de préparation de nos armées, en cas de conflit de “haute intensité”, soit en cas de guerre de grande ampleur, impliquant de lourdes pertes humaines.
Il faut, selon eux, se préparer à des conflits plus durs. D’abord parce que l’ordre mondial issu de 1945 et qui garantissait la paix est aujourd’hui contesté par des puissances “révisionnistes” et puis parce que les instances de dialogue comme l’ONU sont impuissantes.
Les députés ont mené une cinquantaine d’auditions, avec des hauts gradés de l’état-major, des armées de Terre, de l’Air, de la Marine, mais aussi avec des experts de la géopolitique. Ils se sont aussi déplacés, auprès des troupes françaises stationnées en Estonie, donc tout près de la frontière russe. Et ils font 32 propositions.
Leur constat n’est pas trop alarmiste: “L’armée française est un modèle de cohérence, de crédibilité, avec une base industrielle et technologique de défense parmi les meilleures au monde”.
Mais les députés alertent sur le risque, qui s’applique à tous les Européens: le déclassement stratégique, si les investissements ne sont pas suffisants. Ils font le constat que la modernisation des armées a été entravée par des coupes budgétaires depuis près de 20 ans et ils insistent donc sur l’importance du financement. Il faut continuer à appliquer à la lettre la loi de programmation militaire, votée pour la période 2019-2025. Cette loi prévoit d’augmenter le budget de la défense de 3 milliards d’euros par an, pour atteindre presque 300 milliards d’euros sur 7 ans. Et les parlementaires estiment que cet effort budgétaire devra se poursuivre au-delà de 2025.
Des investissements colossaux pour continuer de moderniser nos armées et de s’adapter aux menaces nouvelles. Il y a d’abord une urgence pointée dans ce rapport. Il faut reconstituer le stock de munitions. Il manque 6 à 7 milliards d’euros pour les remettre à niveau. Et pour certaines munitions complexes, il faut trois ans pour se faire livrer.
Deuxième aspect, les parlementaires préconisent d’augmenter l’aviation de chasse à 215 appareils contre 185 prévus pour 2030. Des avions de chasse, mais aussi des frégates, 18 contre 15 prévues.