L’auteur présumé du meurtre à l’arme blanche de deux femmes, dont sa compagne, vendredi dans l’Hérault, affirme avoir agi après avoir fumé du cannabis, alors qu’il était «dans un état délirant» et avait «l’impression qu’on voulait le tuer», a précisé le parquet samedi.
Dans ce communiqué, le procureur de la République de Béziers Raphaël Balland a indiqué envisager de requérir dès dimanche «l’ouverture d’une information judiciaire criminelle».
L’auteur présumé de ce double meurtre avait été interpellé vers 18h50 vendredi par les gendarmes, à Roujan, «les vêtements ensanglantés, devant le restaurant de ses parents» situé face à son domicile où les deux corps sans vie ont été découverts. L’homme de 22 ans, employé dans une grande surface, venait d’expliquer à sa famille avoir «fait une connerie».
Alertés par son père, les pompiers et gendarmes ont découvert dans son appartement le corps de sa concubine, âgée de 21 ans, élève infirmière en deuxième année, avec laquelle il vivait depuis 10 mois, et celui d’une voisine de 25 ans, ambulancière.
Lors de sa garde à vue, en présence de son avocat, l’homme a expliqué qu’il présentait «des problèmes psychologiques», a relaté le procureur Raphaël Balland.
Il avait « très peur »
Il a expliqué qu’il «se sentait très mal depuis quelques jours» et qu’il s’était senti «particulièrement mal» dans l’après-midi après avoir fumé «plusieurs joints avec sa concubine». Il aurait commencé «à avoir très peur, ayant l’impression qu’on voulait le tuer», a précisé le magistrat, indiquant que «des prélèvements à visée toxicologique» ont été réalisés sur le suspect.
L’homme a affirmé avoir voulu se rendre chez un psychologue mais en avoir été empêché par sa concubine. Toujours selon ses dires, «ils se seraient alors battus et il aurait porté plusieurs coups de couteau» à celle-ci, «notamment au niveau du cou», a indiqué M. Balland, précisant que le suspect «estime qu’il était alors dans un état délirant».
Selon le récit du meurtrier présumé, toujours rapporté par le parquet, la voisine de l’étage supérieur qui sortait promener son chien serait alors passée devant leur appartement et lui aurait proposé son aide: mais, «une fois dans l’appartement, ils se seraient également battus et il aurait de nouveau porté plusieurs coups de couteau à la seconde victime».
Une autopsie des deux corps est prévue lundi.
Cinquième féminicide de l’année en France
Le suspect était inconnu de la justice et la famille de sa concubine n’avait pas eu connaissance de menaces ou violences de sa part à l’égard de la jeune femme, selon M. Balland.
Le père du meurtrier présumé l’a décrit comme une personne «plutôt renfermée sur elle-même depuis plusieurs années», passant «énormément de temps devant son ordinateur, notamment pour jouer à des jeux vidéos violents, et passionné de films d’horreur». Son comportement aurait changé depuis qu’il s’était mis à fumer du cannabis en juillet.
Si ce féminicide est confirmé, ce serait au moins le cinquième cette année. Selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur, 102 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2020. Elles étaient 146 en 2019. Le collectif féministe contre les violences sexistes et sexuelles #NousToutes a dénombré 113 féminicides en 2021.