Déjà sous le coup d’une plainte pour violences conjugales, il avait tué son épouse en la percutant avec sa voiture avant de lui rouler dessus: deux ans après les faits, Gilou Rakotoasimbola, 46 ans, a commencé à s’expliquer devant la Cour d’assises du Rhône.
L’ancien chauffeur routier de 46 ans, à la silhouette frêle sous un large blouson jaune et noir, est jugé jusqu’à vendredi pour meurtre aggravé par conjoint.
Ce dernier, d’origine malgache comme la victime, a tout au long de l’audience répondu dans une certaine confusion, la voix chevrotante, aux questions du président Eric Chalbos.
“J’aime ma femme de tout mon coeur”, a déclaré dès sa prise de parole le mis en cause qui s’est défendu de toute violence sur autrui, en particulier envers ses anciennes compagnes.
“Il a toujours menti à tout le monde” et “il est très violent quand il est énervé”, ont rétorqué à la barre les deux sœurs de l’accusé qui l’ont décrit comme “méchant, menteur, manipulateur et dangereux” depuis l’adolescence.
Le 25 juillet 2019 à Vénissieux, vers 07H15, Gilou Rakotoasimbola était entré en trombe avec son SUV sur le parking de l’entreprise de sa femme Bernadette, 43 ans, qu’il ne pouvait approcher depuis la plainte déposée pour violences conjugales trois semaines plus tôt.
Des faits pour lesquels le mis en cause a été condamné en octobre à 15 mois d’emprisonnement.
En moins de trois minutes, au volant de son véhicule de près de deux tonnes, le mis en cause a alternativement percuté et écrasé la victime, chaque fois à deux reprises. Il a marqué aussi deux arrêts durant cette séquence, pied à terre, invectivant son épouse agonisante avant de quitter les lieux.
Une scène très violente qui a plongé dans la sidération le public de la salle d’audience quand le Cour a diffusé sur un téléviseur les images de la vidéosurveillance de l’entreprise.
“Franchement, quand on voit ce qui se passe, pouvez-vous encore dire que vous ne vouliez pas la tuer ?”, a demandé le président à l’accusé qui a réfuté, comme devant les enquêteurs, toute intention homicide.
“Mais pourquoi alors ne pas lui avoir porté assistance ?”, a ajouté le magistrat. “Je ne savais pas si elle était morte”, a lâché l’accusé, rapidement contredit par l’avocate générale Charlotte Millon.
“A 07H32 (ndlr: soit quinze minutes après les faits), il a appelé sa belle-sœur (à Madagascar) pour dire qu’il venait de tuer sa femme”, a relevé la magistrate.
Gilou Rakotoasimbola se rendra à la police deux heures après les faits.
La victime, Bernadette Reby, que son mari soupçonnait d’infidélité, est morte dans un délai d’une “dizaine de minutes” après “127 lésions traumatiques”, a expliqué un médecin légiste.
A la demande du président, sur une échelle de 7, l’expert a évalué à “6, 7” la souffrance de la victime.
Cette dernière, décrite à l’audience comme “quelqu’un de gentil, de réservé et de timide” par une des sœurs de l’accusé, voulait se séparer de son mari.
Gilou Rakotoasimbola, “c’est quelqu’un de jaloux”, a expliqué la sœur aînée de la victime.
La veille du drame, Gilou Rakotoasimbola avait suivi Bernadette à la sortie du travail, malgré son contrôle judiciaire, et il l’avait, selon ses dires, vu monter dans une voiture inconnue.
“C’était la voiture d’un collègue car on avait peur de Gilou”, a encore expliqué Chantal, une des soeurs de l’accusé, employée dans la même entreprise que la victime et qui a été témoin du drame.
Après les faits, l’accusé dira à un collègue de travail: “elle m’a trahie, je l’ai tuée”.
La première épouse de l’accusé, qui craint des “représailles” de sa part, doit être entendue vendredi à l’instar de Gilou Rakotoasimbola sur sa version des faits.
Durant l’instruction, l’accusé avait assuré que le jour des faits, il souhaitait “parler” avec son épouse, sans “colère”, et qu’il l’avait percutée “accidentellement”.
L’homme, qui présente une “faiblesse narcissique” selon une expertise, encourt la réclusion à perpétuité.