En raison de la bronca des supporteurs et des autorités politiques, les douze clubs de football les plus riches du continent européen ont abandonné leur projet de propre Ligue fermée. À peine évoqué et déjà enterré. Le projet des douze clubs de football les plus riches du continent européen de faire sécession en créant leur propre ligue fermée a vite tourné court face à la vive opposition des supporteurs et des autorités politiques. Les plus actifs ont été les Anglais bien déterminés à défendre leur «sport national». «Nous n’accepterons pas que notre sport national nous soit enlevé au nom du profit», a tonné mercredi le ministre britannique de la culture, Oliver Dowden, interrogé par Sky News. Dépassés par la bronca déclenchée par le projet, les six clubs britanniques ont annoncé leur retrait mardi soir. Chelsea a été le premier à faire retraite, suivi de Manchester City, puis, dans la foulée, Arsenal, Manchester United – dont le vice-président a démissionné –, Liverpool et Tottenham. La bérézina à la sauce anglaise.
Manifestation de supporteurs de Chelsea contre la Super Ligue mardi 20 avril avant un match de championnat. © Adrian Dennis/AFP Dans un communiqué, Arsenal a présenté ses excuses, reconnaissant une « erreur ». Même ton du côté de Liverpool : le principal propriétaire, John W. Henry, a battu sa coulpe dans une vidéo diffusée mercredi : « Nous vous avons entendus. Je vous ai entendus. » Ajoutant : « Je suis le seul responsable de la négativité inutile mise en avant ces deux derniers jours. C’est quelque chose que je n’oublierai pas. Et cela montre le pouvoir que les fans ont aujourd’hui et continueront à juste titre d’avoir. » Non seulement les supporteurs – rejoints par des entraîneurs et des joueurs mais aussi des anciennes gloires comme David Beckham (« Nous avons besoin que le football soit pour tout le monde. Nous avons besoin que le football soit équitable et que les compétitions s’appuient sur le mérite. Si nous ne protégeons pas ces valeurs, le jeu que nous aimons est en danger… », a-t-il écrit sur Instagram) – avaient manifesté publiquement leur mécontentement avec comme slogan « Créé par les pauvres, volé par les riches », mais encore les autorités avaient annoncé leur volonté de légiférer pour faire barrage à la Super Ligue.
Le premier ministre Boris Johnson a salué ce « bon résultat pour les fans de football, les clubs et les communautés à travers le pays ». « Nous devons continuer à protéger notre sport national que nous chérissons », a-t-il poursuivi. Côté espagnol, le conseil d’administration de l’Atlético Madrid a acté mercredi matin son départ de la Super Ligue, selon un communiqué cité par le quotidien sportif espagnol As : «Pour le club, l’harmonie entre tous les groupes qui composent la famille rouge et blanc, notamment nos supporteurs, est essentielle. » Le départ des clubs britanniques – représentant la moitié des membres fondateurs –, suivi progressivement de tous les autres, a conduit l’un de ses promoteurs, le président de la formation italienne Juventus Andrea Agnelli, à reconnaître que le projet était mort-né, tout en se disant persuadé de sa viabilité. « Je reste convaincu de la beauté de ce projet, a-t-il dit à l’agence Reuters. Mais il faut admettre … Je veux dire, je ne pense pas que ce projet soit aujourd’hui toujours d’actualité. »