« On trouve ça intolérable et aberrant d’avoir un maire, condamné pour viol, qui reste en poste en étant en prison, explique Marion Hubert, une de ses membres. Estce qu’on tolérerait qu’Emmanuel Macron soit président de la République depuis une cellule ? On est en plein dans l’impunité des élus. Georges Tron devrait démissionner, pour des raisons éthiques évidentes. Il salit l’image de Draveil. » Un faux Georges Tron dans une fausse cellule, le 21 avril 2021. © Collectif "Ni à Draveil ni ailleurs" À l’intérieur du bâtiment aussi, le sujet a cristallisé les tensions. Au sein d’une assemblée largement acquise à la cause de Georges Tron, maire depuis 1995 et réélu au premier tour en mars 2020, les élus d’opposition ont tenté de mettre la question sur la table. Deux amendements ont été déposés au budget, dont l’un proposait la suppression des indemnités du maire pour les réaffecter à des associations d’aide aux victimes de violences faites aux femmes et à la formation des agents de la collectivité contre les violences sexistes et sexuelles. Ils ont été refusés tous les deux.
Mais l’opposition continue de demander le départ de Georges Tron. Le mois dernier, elle avait proposé à l’ensemble du conseil municipal de démissionner pour provoquer un nouveau scrutin. Demande refusée. Ce mercredi, elle a proposé une motion dans laquelle les élus municipaux demandent solennellement au gouvernement la révocation du maire. Au moment où celle-ci devait être abordée, en fin de séance, les élus de la majorité se sont levés et ont quitté la salle. Une manoeuvre qui a permis à Richard Privat, premier adjoint au maire, de lever la séance. « Je n’ai plus de quorum, je ne peux continuer le conseil municipal », a expliqué l’élu devant les protestations de l’opposition. « Les co-listiers de Georges Tron refusent de se désolidariser de quelqu’un condamné pour viol, déplore François Damerval, élu écologiste de Draveil. Qu’ils soutiennent sa vision ou son budget, d’accord, mais on dépasse là le cadre de la politique. » La contestation du maintien en poste de Georges Tron ne se limite pas aux frontières de la commune et à ses 30 000 habitants. Elle concerne aussi les autres casquettes de l’ancien secrétaire d’État, comme celle de conseiller départemental de l’Essonne. Dès le 19 février, les élus de la majorité départementale lui demandaient « instamment » de démissionner de son mandat, « au regard de la sanction prononcée, de la souffrance des victimes des agressions sexuelles, du respect dû à ses électeurs et à l’institution départementale ».
Au sein de la collectivité installée à Évry-Courcouronnes, Georges Tron avait fait le choix de siéger dans l’opposition au président François Durovray (LR), qui lui avait été préféré comme chef de file de la droite en 2015. Le sujet a également fait irruption au conseil régional d’Île-de-France, à l’occasion du vote le 1er avril d’une subvention à l’île de loisirs de Port-aux- Cerises, dont Georges Tron est président. C’est la présidente du groupe écologiste, Ghislaine Senée, qui a demandé à l’assemblée francilienne d’exiger sa démission de ce poste. La majorité de droite a refusé de voter cet amendement.