Le Tunisien Anis Hanachi, dont le frère a tué deux jeunes cousines le 1er octobre 2017 devant la gare Marseille-Saint-Charles, a bénéficié mercredi d’un non-lieu dans l’enquête sur cet attentat jihadiste, a appris l’AFP de source judiciaire, confirmant une information de France Inter.
Anis Hanachi, 29 ans, seul mis en examen du dossier, doit être désormais libéré après trois ans et demi de détention provisoire puis extradé vers la Tunisie, où il a été condamné en son absence en 2018 à douze ans de prison pour « des faits en lien avec une activité terroriste », selon l’ordonnance des magistrats.
Faute d’autre suspect, la décision des juges écarte la perspective d’un procès, mais les parties civiles ont annoncé envisager de faire appel.
Dans ses réquisitions en janvier, le parquet national antiterroriste (Pnat) s’était prononcé pour un non-lieu.
Le 1er octobre 2017, deux cousines, Laura Paumier, 22 ans, et Mauranne Harel, 20 ans, ont été poignardées à mort sur le parvis de la gare par Ahmed Hanachi, un Tunisien de 29 ans, abattu ensuite par les forces de l’ordre.
L’attentat avait été revendiqué, « opportunément » selon les enquêteurs, par le groupe Etat islamique.
Le petit frère du tueur, Anis Hanachi, avait été arrêté six jours plus tard en Italie, puis remis à la France le 2 novembre 2017 et mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ».
Nonobstant son « parcours jihadiste relativement solide », qu’il conteste, « sa participation effective à la préparation et à la réalisation des assassinats terroristes n’a pas cependant été démontrée », concluent les juges d’instruction antiterroristes, dans leur ordonnance consultée par l’AFP.
« Je comprends que ce soit douloureux pour les parties civiles, mais on ne soulage pas la douleur des familles avec le procès d’un innocent », a réagi l’avocat de M. Hanachi, Me Jérémie Boccara, joint par l’AFP. « Le Pnat ne demande pas souvent des non-lieux et pas à la légère », a-t-il ajouté.
« Il y a des éléments à charge tout à fait suffisants pour tenir un procès », a au contraire estimé Béatrice Dubreuil, avocate avec Me Alice Cabrera des parents des victimes.
Pour Me Dubreuil, « Anis Hanachi est au coeur d’une fratrie qui n’est pas sans rappeler celle de Mohamed Merah », l’auteur des attentats de mars 2012 à Toulouse et Montauban dont le frère a été condamné pour complicité de ses crimes.
Ahmed Hanachi, arrêté à Lyon pour un vol deux jours avant l’attaque, avait par ailleurs été remis en liberté le lendemain, alors qu’il aurait dû être placé en centre de rétention.
Pour cette raison, les familles ont attaqué l’État pour « faute », une procédure toujours en cours devant la cour d’appel administrative de Lyon.