L ES AVOCATS spécialisés dans la défense des réfugiés ont fait grève mardi 6 avril. A la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), on prétend juger sans eux, et en l’absence de leurs clients ! Ce jour-là, au moins, les dossiers ont échappé à cette justice expéditive. Cette CNDA est un peu la cour d’appel de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides – l’ultime chance de séjour pour ces derniers.
Confrontés au Covid et à un trop-plein d’affaires, les juges ont imaginé cette procédure d’abattage… Mais, sans avocat, quid du sort de cette jeune policière d’un pays de l’Est harcelée, agressée et menacée de mort par des confrères n’ayant pas supporté sa promotion, et qui a fui ?
Son recours a été rejeté par la CNDA, qui ne l’a même pas écoutée. Même destin pour un jeune informaticien pakistanais, pour un couple d’homosexuels nigérians ou pour un moine bouddhiste…
Furibards, les avocats ont dressé une liste de demandeurs d’asile n’ayant pas eu accès au juge alors que leur situation dans leur pays d’origine est potentiellement gravissime. Dans un courrier (30/3) adressé à la défenseure des droits, l’avocat Gilles Piquois estime que ce refus du principe même de l’audience vaut actuellement « pour près de 40 % du contentieux ».
« D’habitude, ces affaires, on les gagne toutes. Là, on passe pour des traîtres auprès de nos clients », se désole-t-il. Et, les juges, ils passent pour quoi ?