
534 millions d’euros. C’est le coût de l’échec en licence à l’université, selon le rapport annuel de la Cour des comptes publié ce mercredi 19 mars. Cette année, l’institution s’est penchée sur les politiques publiques en faveur de la jeunesse. Réorientations, redoublements et abandons sur les trois années du premier cycle génèrent une charge importante pour les finances publiques, mais aussi des coûts indirects : des étudiants en situation d’échec, des difficultés accrues d’insertion sur le marché du travail et des salaires plus bas.
Publicité
Le « mythe de l’accès à l’université pour tous »
L’absence de sélection à l’entrée de l’université, en place depuis plusieurs décennies, est l’un des facteurs clés de cette faible performance. De nombreux bacheliers, mal orientés ou insuffisamment préparés, peinent à suivre le rythme des études universitaires. Résultat : seuls 48 % des étudiants passent de la première (L1) à la deuxième année (L2), tandis que 17 % abandonnent dès la première année sans diplôme. L’origine scolaire joue un rôle crucial. Si 52,2 % des bacheliers généraux obtiennent leur licence en trois ou quatre ans, ce taux chute à 17,6 % pour les bacheliers technologiques et 7,7 % pour les bacheliers professionnels.
La suite après cette publicité
En 2017, Emmanuel Macron dénonçait déjà ce qu’il appelait le « mythe de l’accès à l’université pour tous », dans une interview au Point. Huit ans plus tard, le principe reste inchangé : tout titulaire du baccalauréat ou d’un diplôme équivalent peut s’inscrire en licence, sans sélection. Dans certains cursus aux capacités d’accueil restreintes, comme la musique, les universités peuvent évaluer la motivation des candidats via un entretien ou organiser des tests de niveau. Mais ces cas restent exceptionnels.
La suite après cette publicité
Assiduité, encadrement… des causes multiples
Les causes de l’échec en licence sont encore mal cernées, note la Cour des comptes. Outre les difficultés académiques et un manque d’orientation en amont, l’institution pointe l’insuffisance des outils de suivi des étudiants. 71 % des universités interrogées estiment que l’absence d’un logiciel de scolarité performant entrave la prévention de l’échec. Un meilleur suivi numérique permettrait d’identifier plus rapidement les étudiants en difficulté et d’adapter l’accompagnement.
L’assiduité joue également un rôle clé : 18 % des étudiants justifient leur redoublement ou leur réorientation par un manque de présence aux cours. À cela s’ajoute un encadrement insuffisant : avec 3,5 enseignants pour 100 étudiants en licence, contre 8,9 en DUT, la qualité de l’enseignement est directement impactée. Malgré des investissements ces dernières années, la Cour souligne un sous-financement chronique des licences, qui nuit à leur attractivité et leur efficacité.
La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Des dispositifs financés à l’aveugle
Depuis 2018, l’État a déboursé 582 millions d’euros pour lutter contre l’échec universitaire, complétés par 794 millions d’euros issus du programme d’investissements d’avenir (PIA) et du plan France 2030. Ces fonds ont permis de financer divers programmes d’accompagnement, comme le tutorat, le mentorat ou encore l’allongement de la licence pour les étudiants les plus fragiles (« oui-si »). Des dispositifs, qui donnent le sentiment d’être « financés à l’aveugle », fustige la Cour.
Les profils socio-économiques des étudiants, susceptibles d’expliquer les différences constatées dans la réussite au diplôme, ne sont par ailleurs pas assez pris en compte, estime-t-elle. Si rien ne change, sur les 950 000 étudiants qui se trouveront en cycle de licence à la rentrée 2025-2026, moins d’un sur deux aura obtenu son diplôme en 2030.
Source : Lire Plus