Le JDD. En quoi consiste ce forum ?
Pascale Morinière. Ce forum rassemble une cinquantaine d’associations engagées dans l’accompagnement des familles à toutes les étapes de la vie, de la naissance à la fin de vie. L’objectif est double : redonner de l’espérance grâce à des témoignages positifs, et offrir des ressources concrètes aux familles confrontées à différentes épreuves. Ces associations couvrent un large champ d’action : éducation, parentalité, vie de couple, handicap, maladie, fin de vie… Nous abordons des sujets essentiels comme la solidité du couple, l’éducation affective et sexuelle, l’accueil d’une grossesse imprévue, l’infertilité ou encore les défis économiques et familiaux. Des conférences et ateliers proposeront aux participants des solutions concrètes adaptées à leurs besoins.
Quelles sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées par les familles aujourd’hui ?
Les Français placent la famille au cœur de leur vie : 83 % la considèrent comme leur priorité, selon un sondage du Parisien en 2023. Pourtant, les politiques publiques ne reflètent pas cette réalité : peu d’initiatives et aucun véritable soutien ne leur sont consacrés, alors qu’elles assurent un rôle essentiel de solidarité et de protection sociale. Cette situation s’inscrit dans un modèle sociétal où l’autonomie individuelle est érigée en idéal, poussant à une fragmentation des liens et à une solitude croissante. Ce phénomène touche tous les aspects de la vie familiale : accueil de l’enfant, éducation, vie de couple, accompagnement des personnes âgées, malades ou handicapées.
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« C’est à la société civile, au plus près des besoins, de se mobiliser et de recréer du lien »
Les familles expriment aujourd’hui un besoin urgent de soutien. À titre d’exemple, le dernier rapport des Petits Frères des Pauvres révèle que 530 000 personnes sont en situation de « mort sociale », c’est-à-dire totalement isolées. Ce chiffre est l’inverse même de l’esprit familial. Nous devons donc renforcer les liens familiaux et communautaires pour éviter cette atomisation de la société, que décrivait Jérôme Fourquet il y a quelques années.
Comment souhaitez-vous faire évoluer la mobilisation en faveur des familles et quelles avancées espérez-vous en matière de politique familiale ?
À l’issue de ce grand rassemblement, nous publierons un manifeste appelant non seulement à un engagement accru des pouvoirs publics, mais surtout à une mobilisation plus large de la société civile. Associations, familles, corps intermédiaires : chacun a un rôle à jouer pour renforcer la solidarité et accompagner ceux qui en ont besoin. On ne peut pas tout attendre de l’État. La « mort sociale »qui touche 530 000 personnes âgées isolées ne peut être résolue uniquement par les politiques publiques. C’est à la société civile, au plus près des besoins, de se mobiliser et de recréer du lien.
Depuis trop longtemps, nous avons adopté une posture infantile, croyant que l’État pouvait tout prendre en charge. Pourtant, même les élus les plus engagés le reconnaissent : l’État ne peut pas tout faire. En cherchant à tout contrôler, il s’est alourdi au point de devenir inefficace sur de nombreux sujets. Notre appel s’adresse donc avant tout un chacun, quel que soit son rôle dans la société, ainsi qu’aux structures intermédiaires, afin qu’ils prennent leur part de responsabilité et deviennent acteurs du changement.
Renseignements sur viva-leforum.fr.
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