
Ce lundi 17 mars, le Rwanda a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique. Le régime du président rwandais Paul Kagame accuse l’ancienne puissance coloniale d’avoir « pris parti » pour Kinshasa, « bien avant et pendant le conflit en cours en République démocratique du Congo ». Dans son communiqué de presse, le ministère des Affaires étrangères rwandais pointe une mobilisation systématique du gouvernement belge « contre le Rwanda dans différents forums ».
Publicité
Le Rwanda reproche plus particulièrement à la Belgique de jouer de son influence au sein de l’Union européenne pour propager « mensonges et manipulations (afin de) créer une opinion hostile injustifiée à l’égard du Rwanda ». Le tout « dans le but de déstabiliser le pays et la région ». En guise de sanction, le Rwanda a ainsi ordonné à « tous les diplomates belges présents au Rwanda (de) quitter le pays dans un délai de 48 heures ».
La suite après cette publicité
Pour le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, cette décision, perçue comme « disproportionnée » et regrettable, reflète la volonté du Rwanda de « ne pas dialoguer » : « La Belgique prendra des mesures similaires » a-t-il assuré sur X.
La suite après cette publicité
Selon un message du sénateur nigérian Shehu Sani, relayé sur X par le ministre des Affaires étrangères rwandais Olivier Nduhungirehe, cette rupture diplomatique entamée par Kigali se veut « un message fort adressé aux anciens maîtres coloniaux : tous les États africains ne renonceront pas à leur souveraineté et à leur dignité pour des miettes d’aide économique. »
Alors que le Rwanda accuse son ex-puissance coloniale d’avoir participé pendant des décennies à la promotion du « négationnisme du génocide » et de rechercher l’obéissance de son ancienne colonie, le ministre belge des Affaires étrangères dément une telle allégation : « La seule boussole de la Belgique continuera à être le respect des droits humains, de l’État de droit et du droit international humanitaire », défend-il, dans le quotidien belge DH. Une position, ajoute-t-il, « partagée par toute l’UE ainsi que par d’autres partenaires internationaux, dont le G7. ». Plus largement, « ceci montre qu’il ne s’agit pas d’une position isolée et que la Belgique n’a pas besoin de convaincre ses partenaires », rajoute Maxime Prévot.
La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
« La Belgique ne cherche ni à punir ni à affaiblir le Rwanda, encore moins en fonction d’un passé colonial dont elle a pris ses distances depuis longtemps. Il s’agit d’une déformation totale des faits », conclut-il.
Ces tensions diplomatiques s’inscrivent dans la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), riche en ressources et frontalière du Rwanda, qui s’est intensifié ces derniers mois. Le M23 (« Mouvement du 23 mars »), piloté selon des experts de l’ONU par l’armée rwandaise et qui affirme défendre les intérêts des populations tutsies dans la région, a lancé fin janvier une importante offensive, conduisant à la prise de Goma. Dans ce contexte, la Belgique a demandé à l’Union européenne d’envisager des sanctions contre Kigali. Le président Kagame avait alors dénoncé « la campagne agressive » et « l’ingérence extérieure injustifiée » des autorités belges à l’encontre du Rwanda. Ce dernier avait suspendu sa coopération avec la Belgique en matière d’aide au développement.
Source : Lire Plus