
Le 26 février dernier, le Comité international olympique (CIO) accordait sa reconnaissance « provisoire » à la jeune fédération internationale World Boxing (WB), qui devrait donc récupérer l’organisation du tournoi olympique de 2028. Une première étape pour cette nouvelle institution chargée de développer et de diriger la boxe amateur, en accord avec les exigences et l’esprit de la Charte olympique. « Garder sa place aux JO est absolument essentiel pour le futur de notre sport, de la base jusqu’aux plus hauts échelons de la boxe professionnelle, explique le président de World Boxing Boris van der Vorst. Mais il y a encore beaucoup de travail pour offrir un avenir meilleur à notre discipline. »
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Le CIO précise que l’instance « a apporté la preuve que 58 % des médaillés des Jeux de Paris 2024 sont affiliés à des fédérations nationales membres de World Boxing ». Plus de quatre-vingts fédérations nationales ont d’ores et déjà quitté l’International Boxing Association (IBA*) pour rejoindre World Boxing, dont des nations aussi puissantes que les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon, la France ou encore l’Algérie. « Le rêve olympique va perdurer et c’est un vrai soulagement pour nos boxeurs et nos clubs, confie Dominique Nato, le président de la Fédération française de boxe. On a bien fait de se rallier à WB, c’était la condition pour rester aux Jeux et c’est vital pour nous : le financement de notre discipline dépend en grande partie de notre statut de discipline olympique. »
La Russie, la Chine, mais aussi, sans surprise, une grande partie des pays d’Asie centrale et d’Afrique n’ont pour le moment pas lâché l’IBA – qui continue à organiser des compétitions richement dotées. Les dollars ou le graal olympique, chacun choisit son camp. « Il faut passer à autre chose si l’on veut grandir, confie le champion olympique de Sydney 2000 Brahim Asloum. Au-delà d’une nouvelle gouvernance et de davantage de transparence, cette organisation (WB) veut aussi développer la handi-boxe en fauteuil et accélérer la parité. On va entrer dans une nouvelle ère. »
Entre l’argent ou les JO, les pays doivent choisir
En attendant, même si elle refuse le KO, l’IBA dirigée par le sulfureux oligarque russe Umar Kremlev est dans les cordes. Ce proche de Vladimir Poutine, qui finance en grande partie son institution grâce au géant gazier national Gazprom, est en conflit larvé avec le CIO depuis longtemps. Dernier scandale : l’interdiction de faire concourir les boxeuses hyper-androgènes Imane Khelif et Lin Yu-Ting chez les femmes. L’Algérienne et la Taïwanaise, bannies du ring du Mondial en 2023 par l’IBA mais soutenues par le CIO, ont finalement pu participer aux Jeux de Paris où elles ont toutes les deux décroché l’or. « Je n’ai rien à cacher ni à craindre, a déclaré Imane Khelif cette semaine à l’agence Associated Press. Comme le dit un proverbe algérien : “Seuls ceux qui ont de la paille dans l’estomac craignent le feu.” Je suis sereine et j’aspire à gagner une nouvelle médaille en 2028. » World Boxing va devoir se saisir de ce sujet sensible mais aussi convaincre de sa capacité à organiser un événement d’ampleur. Premier test, les championnats du monde de boxe amateur en septembre prochain, à Liverpool.
*L’AIBA, devenue IBA, dirigeait la boxe amateur depuis 1920 avant d’être définitivement exclue par le CIO en 2023, estimant que l’instance n’avait pas su se réformer après de forts soupçons de corruption de juges et d’arbitres lors de plusieurs olympiades.
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