
Ils seront 100 000 d’ici 2035. C’est près de la moitié des militaires français en activité. La réserve ne cesse d’augmenter ses effectifs depuis une dizaine d’années, au point de devenir un atout indispensable au bon fonctionnement des différents corps de l’armée française. Surveillance des grandes métropoles dans le cadre de l’opération Sentinelle, missions de soutien aux secours lors de catastrophes naturelles, sécurisations des flux logistiques des militaires d’active lors d’opérations extérieures, les réservistes sont devenus le joker de la Grande Muette.
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Mais l’armée voit plus loin pour ses troupes de réserve. Et face à une situation géopolitique de plus en plus tendue, notamment entre l’Europe et la Russie, l’éventualité d’un engagement français dans un conflit de haute intensité est régulièrement évoquée. Quelle serait alors l’utilité des réservistes ? « Tout d’abord, assurer la sécurité des espaces stratégiques sur le territoire national », explique le colonel Georges-André Maron, directeur de l’École supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major (Esorsem). Gares ferroviaires, ports et aéroports, ministères, les réservistes combleraient les postes laissés vacants par l’envoi de troupes au front. « Mais notre doctrine prévoit aussi d’engager des forces de réserve directement sur une zone hostile, afin de protéger nos nœuds logistiques ou d’assurer la maintenance du matériel que l’on déploie », poursuit le colonel Maron.
Une capacité stratégique évidente, que l’état-major français ne cesse de renforcer. Jusqu’à créer des bataillons spécialisés, comme le récent B2RS, inauguré en juin dernier ; une unité de réservistes spécialisée dans le renseignement. Leur mission ? Analyser, en sources ouvertes, l’évolution des situations militaires sur le champ de bataille. « La guerre en Ukraine a mis en exergue l’utilité de certains civils en situation de conflit, notamment dans le pilotage de drones ou l’exploitation de l’imagerie satellite », confie une source au ministère des Armées. Un « retex » (retour d’expérience en jargon militaire) précieux pour l’armée, qui désire attirer des profils plus polyvalents dans les rangs de sa réserve. Professeurs de langues, développeurs informatiques, ingénieurs spécialisés, tous les talents sont les bienvenus.
Une difficulté : convaincre les citoyens de rejoindre l’armée
Reste une difficulté toutefois : convaincre les citoyens de rejoindre l’armée parallèlement à leur engagement professionnel ou scolaire. « On a redoublé nos efforts en matière de communication, d’une part, et d’adaptation aux emplois du temps de chacun, d’une autre », assure Guillaume Sevin, lieutenant de réserve et délégué national Unor jeunes. « Nous développons aussi la coopération entre la réserve et le milieu de l’entreprise. Un salarié engagé dans la réserve, c’est un salarié imprégné par la culture militaire, le respect de sa hiérarchie, la faculté à gérer des situations de crise, un véritable atout pour une entreprise ! », poursuit Guillaume Sevin.
Reconnecter la société civile à son armée, c’est aussi ça, le « cœur de la réserve », conclut le colonel Maron. « On propose à des gens, qui, au cours de leur vie, ont pu hésiter à rejoindre l’armée mais n’étaient pas prêts pour le sacrifice que cela impliquait. La réserve offre un parfait compromis. » Plus qu’un simple appui, la réserve s’impose désormais comme un pilier stratégique, capable d’apporter soutien et expertise dans des situations critiques.
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