
Le feu d’artifice de la victoire illumine la nuit du Stade de France. Une nuit glaciale pour un 15 mars. Mais l’ambiance festive réchauffe les presque 80 000 spectateurs. Trois ans après leur premier Tournoi, les hommes de Fabien Galthié offrent à leur public un nouveau titre. Après s’être piqués sur la rose anglaise (défaite 26-25) qui leur avait ôté tout espoir de Grand Chelem dès la deuxième journée de compétition, les Bleus s’étaient remis dans la course en arrachant le trèfle irlandais à pleines mains le week-end dernier à Dublin (42-27). Hier soir, à domicile, dans un intense bouquet final, les Français version fleuristes ont cueilli le chardon écossais.
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« C’est beaucoup de fierté et de bonheur de gagner ce Tournoi-là après les moments que l’on a vécus, lâchait Maxime Lucu, le valeureux remplaçant d’Antoine Dupont, au micro des diffuseurs. On redonne du sourire au rugby français. » Plus tôt dans la journée, les Anglais, deuxièmes du classement final, avaient écrasé les Gallois (68-14), condamnant ces derniers à repartir avec l’infamante cuillère de bois tandis que les Irlandais, troisièmes, étaient venus à bout de vaillants Italiens (22-17). Le capitaine Grégory Alldritt et ses coéquipiers savaient donc avant le coup d’envoi qu’un simple succès, sans le point de bonus offensif, leur suffirait pour triompher lors de cette édition 2025 des VI Nations.
Face aux Irlandais, il y a une semaine, le XV du Coq avait été acculé dans son camp pendant un quart d’heure. Hier, ce fut le contraire. Le gallinacé tricolore a tranquillement construit ses attaques jusqu’à ce que Gaël Fickou trouve la solution. Pour son retour de blessure, le centre aux 50 sélections dans le Tournoi (record du légendaire Philippe Sella égalé) donne la première passe décisive de la rencontre pour l’autre centre, Yoram Moefana (17e). À peine le temps pour les spectateurs de fêter cette réussite qu’un autre joueur né dans le Pacifique, le talonneur Peato Mauvaka, écope d’un carton jaune pour avoir percuté le visage d’un adversaire. Les Écossais mettent à profit leur avantage numérique de dix minutes pour aplatir par l’intermédiaire de l’ailier d’Édimbourg Darcy Graham (28e). Le pied de l’inusable Finn Russell permet même au XV du Chardon d’égaliser à la 35e (13-13).
À l’heure de jeu, les Bleus mènent 35 à 16. Le match est plié. Le score n’évolue plus. Les spectateurs dansent et chantent
Trois minutes plus tard, sur une pénalité, Thomas Ramos, toujours aussi imperturbable face aux poteaux, redonne l’avantage aux siens. L’arrière toulousain devient par la même occasion le meilleur réalisateur de l’histoire des Bleus (438 points après cette pénalité contre 436 pour Frédéric Michalak). Tandis que l’artiste Louane profite de la pause pour entonner en avant-première la chanson Maman qu’elle présentera à l’Eurovision en mai prochain, Fabien Galthié rejoint les vestiaires. Et on imagine que le Lotois a su trouver les bons mots. Dès la reprise, Thomas Ramos se mue en passeur décisif pour la fusée casquée de rouge, Louis Bielle-Biarrey (42e). À 21 ans, l’ailier supersonique bordelais en est à huit essais dans un même tournoi, égalant un record plus que centenaire (l’Anglais Cyril Lowe en 1914).
C’est le moment que le public choisit pour redonner de la voix, et le sélectionneur pour faire entrer ses « finisseurs » (Jelonch, Meafou, Marchand, etc.). Thomas Ramos, visiblement pas rassasié de ses rôles de buteur et passeur, devient marqueur d’essai (57e). Homme du match, Moefana s’offre un doublé (61e). À l’heure de jeu, les Bleus mènent 35 à 16. Le match est plié. Le score n’évolue plus. Les spectateurs dansent et chantent. Antoine Dupont, présent avec ses béquilles (lire ci-dessous), est là, Maxime Lucu le serre dans ses bras. « C’est pour lui qu’on a gagné », lance le Bordelais, ému aux larmes comme la plupart des supporters.
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