Plus de cinq ans après sa création, le collectif Némésis prend de l’ampleur. Sa présidente, Alice Cordier, redouble d’efforts pour accroître sa visibilité et étendre son mouvement à d’autres pays européens. Régulièrement présente au Parlement européen à Strasbourg, elle y rencontre des eurodéputés français et étrangers pour défendre sa vision d’un féminisme alternatif. « Nous voulons prouver qu’un autre féminisme est possible », affirme-t-elle.
À force de persévérance, le collectif entend bien renforcer son influence et se déployer au-delà des frontières françaises. « Notre objectif est d’implanter Némésis dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest, comme l’Italie ou l’Espagne », confie Alice Cordier. Premier pays visé : la Belgique, où des actions sont prévues dès le mois prochain.
Un collectif sous tension
Forte de quelque 300 militantes, Némésis s’oppose frontalement aux associations féministes intersectionnelles. Régulièrement, ses membres dénoncent les violences faites aux femmes, mettant particulièrement en avant les crimes commis par des individus issus de l’immigration ou en situation irrégulière.
Alice Cordier et ses acolytes ont d’ailleurs participé à la manifestation pour la journée des droits des femmes le samedi 8 mars. Elles n’étaient toutefois pas les bienvenues. Face à des groupes de militants antifascistes virulents, rôdant parmi les manifestants, les membres du collectif ont défilé en petit comité à l’écart du cortège, et sous protection policière.
La suite après cette publicité
Insultes, tags menaçants…
« On était d’abord dans un square à côté avant que la manifestation ne soit lancée place de la République. Certains manifestants ne voulaient pas s’élancer pour ne pas à avoir à marcher avec nous », précise Alice Cordier au JDD. Tout au long de la marche, le groupe d’une soixantaine d’activistes a été chahuté et a fait l’objet d’insultes et de provocation : « On nous a traitées de racistes, de fachos… »
Dès le samedi matin, Alice Cordier a également découvert avec stupéfaction un tag menaçant aperçu sur un mur à Paris : « Dissoudre Némésis à l’acide. » La photo de cette inscription a notamment été relayée sur les réseaux sociaux par l’eurodéputée de La France insoumise (LFI), Rima Hassan, et par le Comité Palestine Paris 1 Sorbonne.
Une plainte a été déposée pour « menaces de mort » contre Rima Hassan et les relayeurs de la publication. Alice Cordier a aussi porté plainte contre X pour « incitation à la haine ». Pour elle, « c’est une référence extrêmement claire et précise à ce qu’il se passe en Iran, en Irak et dans les pays où les femmes sont victimes d’agression à l’acide ».
La découverte de ce tag a été faite au lendemain d’une marche nocturne de féministes radicales, vendredi 7 mars, d’abord interdite par la préfecture de police avant d’être autorisée in extremis par le tribunal administratif. Les collectifs Urgence Palestine et Samidoun – classé terroriste aux États-Unis et au Canada – ont participé à ce rassemblement.
Le collectif Némésis a également été visé par d’autres tags après le 8 mars, à Paris et dans d’autres villes de France. « Planter Alice Cordier », « Une rafale pour Cordier », ou encore « Burn your local Némésis », liste l’ancienne activiste du mouvement royaliste Action française. D’après Alice Cordier, « ces féministes perçoivent les coups d’éclat et les buzz que l’on mène comme un danger » et « veulent nous décrédibiliser en expliquant qu’on ne peut pas être féministe de droite, anti-immigration et critiques de l’islam ».
Le « silence » des féministes face aux crimes qui les dérangent
Après ces nouvelles attaques à l’encontre du collectif, Alice Cordier fustige l’hypocrisie de certaines féministes qui mélangent les combats : « Toutes les causes d’extrême gauche se font le relais. Aujourd’hui, on voit des féministes marcher pour la Palestine mais on ne verra jamais l’inverse. » Elle n’hésite pas non plus à dénoncer le « silence » et « l’absence de soutien » des féministes intersectionnelles, après plusieurs faits divers impliquant des migrants en situation irrégulière et faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), comme le meurtre de Philippine ou le viol de Claire Geronimi. « C’est justement à cause de ce silence que le collectif Némésis s’est créé », raconte-t-elle au JDD.
Après les exactions commises par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Alice Cordier pointe aussi « un silence et une prudence lourds de la part des associations » à l’égard des victimes israéliennes. « Elles savent reconnaître que des femmes à Gaza sont victimes de violences sexuelles, ce qui est possible. En revanche, rien pour les Israéliennes, sachant que les faits ont été documentés, référencés », insiste-t-elle.
« Le réel est toujours plus fort »
Face aux multiples attaques et aux tentatives de déstabilisation, le collectif Némésis est loin de se laisser vaincre. « Je pense que les femmes savent très bien de quelles populations elles ont peur dans la rue. Le réel est toujours plus fort et rien ne nous empêchera de progresser », prévient enfin Alice Cordier.
Source : Lire Plus