
Le rappeur Médine a été débouté jeudi 13 mars dans le cadre du procès en diffamation qu’il avait intenté contre Aurore Bergé, qui l’avait qualifié en 2021 d’« islamiste ». Le tribunal correctionnel de Paris a jugé que les propos incriminés n’étaient pas diffamatoires. La ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, avait employé ce terme le 18 février 2021 sur LCI, alors qu’un débat faisait rage autour de la décision de la ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque, Frédérique Vidal, de demander au CNRS une étude sur « l’islamo-gauchisme » dans les universités.
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« Quand, à l’ENS, l’École normale supérieure, vous avez par exemple ce rappeur islamiste Médine qui est invité, vous savez, celui qui disait qu’il fallait tuer des laïcards par exemple dans notre pays. Est-ce que c’est légitime qu’une école aussi prestigieuse que l’ENS donne la parole à celui qui appelle au meurtre ? », s’était-elle interrogée. Estimant que son « honneur » était « mis en jeu », Médine avait annoncé porté plainte contre l’élue pour diffamation et avait demandé des excuses publiques. « Non, je ne présenterai pas d’excuse », avait répondu la députée quelques jours plus tard.
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Médine, interprète du titre Don’t Laïk, dans lequel il chante notamment « crucifions les laïcards comme à Golgotha », avait été convié en 2017 à l’ENS pour un séminaire intitulé La plume et le bitume : rencontre avec le rappeur Médine. Selon le tribunal, les propos d’Aurore Bergé constituent un « jugement de valeur sur la personnalité » du rappeur, tel qu’il apparaît dans ses chansons. Ce jugement, même fondé sur des paroles qui lui sont attribuées, « ne lui impute aucun fait précis ».
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Pour qu’une déclaration soit qualifiée de diffamatoire, elle doit porter sur un « fait précis, susceptible de faire l’objet, sans difficulté, d’un débat contradictoire sur la preuve de sa vérité », ce qui distingue la diffamation de l’injure. Ainsi, faute de caractère diffamatoire, Aurore Bergé a été relaxée par la 17ᵉ chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le tribunal a également rejeté les demandes de condamnation pour procédure abusive formulées à l’encontre de Médine, tant par le parquet que par la prévenue.
Les juges ont reconnu que le rappeur pouvait « légitimement » être choqué d’avoir été mentionné par la ministre dans ses critiques visant certaines initiatives universitaires. Toutefois, son recours en justice n’a pas été considéré comme abusif, malgré le ton provocateur qu’il emploie habituellement et qui, selon les magistrats, aurait pu l’amener à faire preuve de davantage de tolérance envers l’expression d’autrui.
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