Deux coups de matraques, dont l’un à l’œil. Victime de violences de la part de deux policiers, un militant des Jeunes insoumis avait porté plainte alors qu’il participait à une manifestation non déclarée dans le centre-ville de Lille dans la soirée du 7 juillet, après les résultats des élections législatives. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a conclu à un usage disproportionné de la force sur cet étudiant mais sa plainte a néanmoins été classée sans suite, a-t-on appris mercredi.
Selon le rapport de l’IGPN, remis en septembre dernier et que l’AFP a pu consulter mercredi, ses blessures ont nécessité des points de suture au visage et une intervention chirurgicale pour un hématome testiculaire, entraînant en tout 30 jours d’ITT, liés à son état physique mais aussi à un « syndrome post-traumatique ».
Impossible d’identifier les policiers
Selon l’IGPN, le jeune homme a « bien été victime de violences qui […] ne semblaient pas s’inscrire dans un contexte de riposte proportionnée à une atteinte injustifiée », car il « déambulait calmement avant de suivre le mouvement de foule provoqué par la manœuvre de dispersion des policiers, sans geste hostile ou d’opposition ».
Le rapport fait état de deux coups de matraque portés par deux policiers différents, mais souligne qu’il est impossible d’identifier ces agents sur les images de vidéosurveillance et que, parmi les effectifs de la Brigade anticriminalité (Bac), « aucun (policier) ne se reconnaissait à la vidéo comme auteur des violences commises ».
Classée sans suite pour auteur inconnu
Selon l’avocat de la victime aujourd’hui âgée de 21 ans, Me Antoine Chaudey, sa plainte a ensuite été classée sans suite en octobre pour auteur inconnu, un classement qui ne lui a pas été notifié et dont il n’a eu connaissance qu’en janvier. Déplorant que « l’institution (..) couvre tout le monde », l’avocat envisage aujourd’hui de contester ce classement auprès du parquet général et a demandé l’accès aux vidéos, sans résultat à ce stade. Le parquet de Lille n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP sur ce dossier.
À la suite de cette affaire, les députés LFI du Nord Ugo Bernalicis, Aurélien Le Coq et David Guiraud avaient écrit fin janvier au préfet des Hauts-de-France pour réclamer la dissolution de la Bac de Lille face à ce « déni de justice » et à une « omerta évidente » au sein de cette unité selon eux.