Le JDD. Pourquoi avoir écrit ce livre ?
David Lisnard. Je veux porter un nouvel espoir pour un projet de redressement sécuritaire, libéral, éducatif et scientifique de la France. Nous sommes au bout d’un cycle, mais comme dans le film Match Point de Woody Allen, la balle peut tomber d’un côté comme de l’autre. Le sursaut est possible pour deux raisons : d’une part, nous devrons défaire la plupart des excès de bureaucratie qui conduisent au déclassement du pays, d’autre part, il existe un décalage entre les Français et le monde politico-médiatique. Le bon sens reste présent en France. Par exemple, la retraite par capitalisation, que je défends, était considérée comme impossible il y a quelques années. Aujourd’hui, quand vous en parlez sur le terrain, que vous expliquez que la répartition est morte, nos compatriotes comprennent.
Vous appelez l’Europe à raisonner en termes de puissance. Soutenez-vous la prise de position d’Emmanuel Macron sur une défense européenne ?
Dès 2022, Emmanuel Macron avait annoncé que la France était entrée en économie de guerre. Trois ans plus tard, où en sont nos stocks d’armement ? La loi de programmation militaire est un rattrapage du retard pris depuis vingt ans. Nous devons définir une doctrine de puissance autonome et réaliste, un réarmement militaire immédiat, une politique étrangère cohérente avec des objectifs clairs.
Le bras de fer avec l’Algérie est lancé, pourtant Alger continue à refuser ses ressortissants expulsés. Faut-il hausser le ton avec le président Tebboune ?
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La France doit créer une relation bilatérale avec Alger qui soit porteuse d’avenir. C’est dans notre intérêt économique, géopolitique, mais aussi démographique. Or, cette relation ne peut pas se fonder sur une infériorisation de la France. Il est ubuesque que Boualem Sansal, l’un de nos plus grands écrivains, à la double nationalité française et algérienne, soit toujours détenu arbitrairement en Algérie et que, parallèlement, la France n’arrive pas à renvoyer des ressortissants algériens, qui sont pourtant des délinquants, parfois liés à des réseaux terroristes, visés par des obligations de quitter le territoire français. Comment peut-on rester dans cette asymétrie qui est une insulte à l’indépendance, à la souveraineté et à la puissance de la France ? Ça suffit. Bruno Retailleau a proposé un panel de sanctions très pertinentes. Encore faudrait-il que le président de la République ne déjuge pas son ministre de l’Intérieur et son Premier ministre…
Vous dénoncez un « déclassement éducatif scandaleux ». Comment refaire de la France une superpuissance éducative ?
Avec Nouvelle Énergie, nous proposons de supprimer les scories idéologiques dans l’éducation. Il faut remettre en place des savoirs réels, dont la philosophie, la raison critique, les mathématiques et libérer l’école. La sanction fait aussi partie de l’instruction. À Cannes, nous avons mis en place un nouveau système de punition : les élèves visés par une exclusion temporaire exécuteront 20 heures de travaux d’intérêt général, notamment à la propreté urbaine et aux espaces verts. La transgression recevra ainsi une réponse infaillible, clinique, qui n’est pas dans la fausse bienveillance.
Vous appelez la France à s’emparer de l’intelligence artificielle de façon pleine et entière. Comment poser les jalons du « contrat social » dont vous parlez, pour défendre le pluralisme des médias, tout en renforçant l’esprit critique ?
La France, malgré ses talents, est en retard dans le domaine de l’IA. Aujourd’hui, nous sommes la colonie numérique des États-Unis et de la Chine. Or, l’IA représente une source d’espérance exceptionnelle dans la médecine, la logistique urbaine, la gestion du quotidien. Nous devons à tout prix maîtriser cette intelligence et la meilleure façon, c’est de la produire. Ce contrat social que j’évoque commence par la production, avant la régulation. Dans ces domaines, nous devons faire entendre une voix française et européenne, pour être prospères, donc compétitifs à l’échelle continentale et internationale.
Vous avez apporté votre soutien à la candidature de Bruno Retailleau pour la présidence des Républicains. Craignez-vous une guerre des chefs au sein du parti ?
Les deux candidats sont suffisamment conscients des enjeux pour éviter les querelles personnelles. J’ai posé un accord avec Bruno Retailleau sur un contenu : il s’est engagé à soutenir des propositions de Nouvelle Énergie, sur la libération et le renforcement de l’école, la déréglementation et la retraite par capitalisation.
Nous avons besoin d’un projet fort, qui résonne plus loin et plus largement que la seule famille des Républicains.
Votre livre est un ensemble de propositions pour redresser le pays de fond en comble. Est-ce votre programme présidentiel ?
Je souhaite que ce projet gagne, à la présidentielle et aux législatives. Plus certains s’en emparent, mieux c’est. Cela m’aidera à le faire gagner ! Pour cela, il faudra un candidat qui porte toute la droite. Je refuse le choix entre la défaite et la médiocrité. Je propose à terme une grande compétition qui permet de sortir de l’alternative entre la division, qui fait perdre les élections, et la compromission programmatique, qui fait perdre le pays. Faisons gagner la France.
Ainsi va la France de David Lisnard, L’Observatoire, 350 pages, 24 euros.
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