En 2023, elle brandissait un Oscar pour son second rôle dans Everything Everywhere All at Once, de Dan Kwan et Daniel Scheinert. À 66 ans, Jamie Lee Curtis connaît un second souffle, comme dans ce drame où elle incarne une serveuse dans un casino de Las Vegas qui refuse de prendre sa retraite quand sa meilleure amie, danseuse de cabaret, découvre que son show s’arrête. Un portrait de femmes au crépuscule de leur vie absolument bouleversant. Stéphanie Belpêche
De Gia Coppola, avec Pamela Anderson, Jamie Lee Curtis, Dave Bautista. 1 h 29.
The Insider
Michael Fassbender est de retour et il a choisi le thriller d’espionnage : dans la série événement The Agency (adaptation américaine du Bureau des légendes) et au cinéma dans le nouveau tour de passe-passe de Steven Soderbergh, où il joue un agent secret missionné par son employeur pour confondre une taupe dans son service. Le visage fermé et imperturbable, l’acteur d’origine allemande et irlandaise est excellent dans ce rôle énigmatique qui, jusqu’au bout, ne livre pas tous ses secrets. S.B.
De Steven Soderbergh, avec Michael Fassbender, Cate Blanchett. 1 h 33.
Série à voir
The Road trip
La suite après cette publicité
Voilà une histoire d’amour… rembobinée ! On suit les jeunes Addie et Dylan, séparés depuis un an, contraints de partager la route pour se rendre à un mariage. Pendant plus de 1 600 kilomètres, l’ex-couple se cherche, se chamaille et se met à l’épreuve. Surtout, des flashbacks constants éclairent leur histoire : de leur rencontre à leur rupture en passant par leurs moments de tendresse, on se surprend à essayer de deviner lequel des deux a claqué la porte. Drôle, touchant, tour à tour acerbe et romantique, cette comédie « so British » ne manque pas de piquant ! Florian Anselme
De Matilda Wnek, avec Emma Appleton, Laurie Davidson et David Jonsson. Six épisodes de 45 minutes. Disponible sur Paramount+.
À écouter
Une rivière enchantée
Quatre ans après le minimaliste mais brillant Banane bleue, Frànçois & The Atlas Mountains continue sa route, sur des chemins de traverse plus fleuris. Ou n’est-ce pas plutôt une navigation, le long de cet Âge fleuve aux rives plus riches ? Quoi qu’il en soit, les arrangements sur ce septième album scintillent, ils brillent de mille feux telle une fête au coucher de soleil sur quelque cours d’eau onirique (comme dans « Aïeul inconnu » ou « Le Fil »). Plus que réussi, généreux, cet opus ouvre avec douceur des immensités intérieures : ce que le groupe fait depuis ses débuts mais toujours plus finement. George Grange
Âge fleuve, Fràncois & The Atlas Mountains, inFiné.

Expo
L’art dégénéré
Le musée Picasso de Paris organise pour le printemps une exposition bouleversante pour raconter comment les nazis, avant la Seconde Guerre mondiale, ont purgé les musées allemands de toutes les manifestations de l’art moderne (peintures et sculptures), qui ne correspondaient pas à l’idéal du national-socialisme. Ainsi, ils ont arrangé en 1937 à Munich une rétrospective réunissant plus de 600 œuvres (de Vassily Kandinsky à Paul Klee) pour provoquer le dégoût du public. La visite propose de décortiquer le système mis en place pour bannir ce qu’ils considéraient comme une abomination. Édifiant. S. B.
museepicassoparis.fr. Jusqu’au 25 mai
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Pour ne pas cesser de vivre
À la publication de ses mémoires intimes, Florent Pagny sortait d’un cancer qui avait ému ses fans et même au-delà. Soudain, l’interprète de Savoir aimer apparaissait à la lumière crue dans ce qu’il était : une partie de l’inconscient des Français, chantant depuis trop longtemps pour ne pas qu’on l’ait rêvé immortel. Mais dans ces pages, il se met à nu et se dévoile, vulnérable : « Je ne suis pas encore mort, c’est donc que je suis méchamment vivant. » C’est un trompe-la-mort, comme le chantait Brassens, son idole. De quoi en apprendre plus, dans un style brut et sans ambages, sur cette idole de chair et de sang. G.G.
Pagny par Florent, Florent Pagny, Le Livre de poche, 552 pages, 10,90 euros.
Sauvez-vous les uns les autres
Un thriller historique haletant ! Inspiré de l’histoire vraie de Hugh O’Flaherty, ce prêtre irlandais qui, en pleine Seconde Guerre mondiale au Vatican, sauva 6 000 juifs et soldats alliés, Dans la maison de mon père est un roman redoutable et ciselé. Si vous avez aimé le film déjà né de cette anecdote La Pourpre et le Noir (avec un fantastique Gregory Peck), vous revivrez tambour battant cet épisode méconnu : Joseph O’Connor mélange l’histoire à la fiction avec des personnages secondaires crédibles et habités. Une œuvre toute en finesse et en altitude : de haut vol ! G.G.
Dans la maison de mon père, Joseph O’Connor, Rivages poche, 447 pages, 10 euros.
L’amour après #MeToo
Maria Pourchet dégaine un Western foudroyant, où deux protagonistes fuient leur réalité. Alexis Zagner, comédien star au sourire carnassier, sent l’orage médiatique gronder et disparaît à la veille d’une première flamboyante. Aurore, elle, est étranglée par un quotidien sans saveur. Cap sur le sud-ouest, loin du vacarme, où ces deux inadaptés vont s’apprivoiser. Maria Pourchet autopsie le langage amoureux, dissèque les illusions et flingue les faux-semblants. Un texte vif, où l’amour oscille entre emprise et liberté. Western dynamite les conventions et interroge les rapports humains dans un monde post-#MeToo. Un roman qui claque, mord et laisse une trace indélébile. Alix Avril
Western, Maria Pourchet, Le Livre de poche, 264 pages, 8,90 euros.
En direct avec Clemenceau
Dès que le « Tigre » l’appela sur le front, en automne 1917, le général de division Henri Mordacq devint son chef de cabinet militaire jusqu’à sa démission en janvier 1920. Le héros oublié raconta en quatre tomes ce qu’il vécut auprès de l’ancien président du Conseil. Ce témoignage est à présent disponible. Une occasion de côtoyer de très près le « Père la Victoire », grand défenseur de la République, auquel les députés ont préféré envoyer à l’Élysée Paul Deschanel, dont Clemenceau disait qu’il avait un « bel avenir derrière lui ». Paroles d’orateur avec prix d’excellence. Bernard Morlino
Le Ministère Clemenceau. Journal d’un témoin, Général Mordacq, Passés/Composés, 816 pages, 35 euros.
Le mot rare
Ab irato : fait sous l’emprise de la colère
Ah la colère ! Sous son empire, on a vu des gens déshériter un enfant indigne, briser un mariage et même… déclencher des guerres. Le droit romain considérait que les décisions prises sous l’impulsion d’un tel courroux pouvaient être annulées : on recollait les morceaux une fois le vase brisé, si c’était possible. Un raisonnable retour à la raison. Hélas, cette clémence a disparu et il n’y a plus que l’insanité d’esprit ou la contrainte qui justifient l’annulation d’un acte fait ab irato. Sagesse des anciens… G. G.
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