« Que le meilleur menteur gagne ! » Un Pinocchio d’or trône fièrement sur la scène de la salle parisienne Athènes, ce lundi 10 mars au soir. Cette étrange figurine est le symbole de la cérémonie des Bobards d’Or, qui se tient chaque année au cœur de la capitale. Le principe de la soirée est simple : récompenser les pires mensonges proférés dans les médias au cours de l’année passée. « Préparez-vous à rire, à vous émerveiller, lance en guise d’introduction l’une des deux présentatrices de la soirée. Et que le meilleur menteur gagne ! » Une tirade qui suscite des applaudissements nourris. Près de 150 personnes ont fait le déplacement afin d’assister à cette singulière cérémonie.
Derrière cette remise de prix mordante se trouve le think tank Polémia, fondé par l’ancien eurodéputé Jean-Yves Le Gallou. Cet organisme s’est donné pour vocation de « réinformer » les Français. Ce soir, la seizième édition des Bobards d’Or se tient à Paris, avec le soutien des médias TVLibertés (TVL), Omerta et Radio Courtoisie. Au programme : la guerre en Ukraine, les Jeux olympiques, mais aussi l’Arcom, Donald Trump et Léa Salamé.
Il est 20 h, la cérémonie commence enfin. Charles d’Anjou, « celui qui va là où les autres journalistes ne vont pas », monte sur scène. Le fondateur du média Omerta est l’invité d’honneur de la soirée. Son domaine ? La guerre en Ukraine, où il a effectué de nombreux reportages. « Je n’ai jamais fait de propagande », assure le journaliste, qui dénonce « l’avalanche de mensonges, de caricatures et de contrevérités délivrés par les médias sur le conflit russo-ukrainien ».
La chaîne LCI à l’honneur
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La chaîne LCI est le premier candidat pour le Bobard d’or. Son logo, remplacé par le symbole de l’Otan, apparaît soudainement à l’écran, sous les murmures moqueurs de la foule. La chaîne télévisée doit sa présence ce soir à la « désinformation » à laquelle elle se livrerait, au sujet du conflit russo-ukrainien.
L’Ukraine cède rapidement la place à Donald Trump. Sous les gloussements du public, plusieurs Unes du journal Libération, prédisant la défaite de l’actuel président des États-Unis, défilent sur les écrans. Michel Geoffroy, écrivain et essayiste, termine cette première séquence consacrée à l’actualité internationale. « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des experts », lance l’écrivain sous les applaudissements.
Des rires et des sourires
Dans le public, les sourires sont légion, et les rires fusent. « C’est la troisième fois que je me rends aux Bobards d’Or avec mon mari », confie Christine, habitante de la capitale. La fringante retraitée ne cache pas son plaisir d’être ici ce soir. « C’est une très bonne cérémonie, très divertissante. On rit beaucoup. Et puis ça fait quand même du bien de voir les mensonges des médias. Je ne comprends pas comment les gens peuvent toujours écouter la télé », s’exclame l’ancienne professeur.
Parmi les nombreux lauréats en lice pour le Bobard d’or, figure l’hebdomadaire Le Monde. Le monument du journalisme français, est épinglé pour avoir affirmé dans un article que la scène polémique de la cérémonie des Jeux olympiques, montrant des drag-queens présider un banquet, n’était pas une caricature du dernier repas de Jésus-Christ. Ce, alors même que France Télévisions, organisatrice de l’évènement, s’est félicitée sur X d’une « Mise en Cène légendaire ». Afin d’appuyer cette candidature, c’est au tour de Victor Aubert, président de l’organisation catholique Academia Christiania, de se saisir du micro. Maniant le second degré avec brio, le père de famille à la mèche bien peigné, livre une charge sans concession contre la cathophobie à l’œuvre dans certains médias. « Se moquer des catholiques en 2025, c’est courageux », ironise le jeune homme.
Remise des prix
Alors que le moment de la remise des prix approche, l’Agence France-Presse (AFP), accusé de « salir les victimes de francocide », fait partie des favoris pour le Bobard d’or. On retrouve à ses côtés la chaîne France 2. Cette dernière est pointée du doigt pour avoir laissé l’ancienne Premier ministre, Élisabeth Borne, déclarer en plateau : « Si la loi du budget n’est pas votée, il n’y aurait aucune solution : votre carte Vitale ne marche plus, il n’y a plus de retraites ».
L’évènement approche désormais de sa fin. Le jury décide soudain d’accorder une distinction spéciale aux membres de l’Arcom. Surnommés les « neufs petits hommes gris », par le journaliste de TVL Eric Morillot, ces derniers se voient remettre le prix du Baillon d’or.
Voici venu le moment tant attendu du scrutin final. C’est le public qui, par un vote à main levée, détermine les grands vainqueurs de la soirée. Et au terme de plus de deux heures de cérémonie, c’est l’AFP qui remporte finalement le Bobard d’or. L’agence de presse est talonné de près par le Monde, et son article sur la cérémonie d’ouverture des JO. Enfin, France 2 réussit à se hisser sur la dernière marche du podium, grâce aux propos tenus sur la chaîne par Élisabeth Borne.
Jean-Yves le Gallou à la manœuvre
La soirée se termine par un discours du créateur des Bobards d’Or : Jean-Yves Le Gallou. Après les traditionnels remerciements, l’ancien eurodéputé sonne la charge contre le service public, et ses « mensonges ». « Le taux de confiance dans les médias ne cesse de diminuer. Nous sommes aujourd’hui passés à un nouveau stade avec les réseaux sociaux, et une nouvelle génération de médias », se réjouit l’ancien haut fonctionnaire. Après une dernière salve d’applaudissements, la foule se dirige avec regret vers la sortie, où sont mis en vente plusieurs livres écrits par des auteurs de la droite identitaire.
« Je suis assez content des résultats de cette édition des Bobards d’or, confie Jean-Yves Le Gallou au JDD. Surtout pour l’AFP, un bobard de l’AFP vaut 1 000 bobards, parce qu’il est repris par l’ensemble du service public. » Alors que cela fait désormais 15 ans que la cérémonie existe, l’ancien eurodéputé revient sur le but de cette soirée. « L’objectif de cette cérémonie est de faire rire aux dépens des journalistes qui mentent. Mais aussi de décrédibiliser les médias soumis au politiquement correct », explique le président de Polémia.
Pour l’inventeur des Bobards d’Or, la liberté d’expression en France connaît une double dynamique. « Dun côté, il y a une répression de plus en plus forte, par l’Arcom, l’État, qui incline à être pessimiste, déplore-t-il. Mais a contrario, il y a une vraie dynamique, porté notamment par la victoire de Donald Trump, qui est en train de bouleverser le paysage médiatique. Nous vivons un basculement », conclut Jean-Yves Le Gallou, un sourire au coin des lèvres.
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