De Gia Coppola, avec Pamela Anderson, Jamie Lee Curtis, Dave Bautista. 1h29.
Shelly, danseuse de cabaret à Las Vegas, déchante quand son spectacle est brutalement interrompu après trente-huit ans de représentations. Désemparée, elle se demande si le moment est venu de prendre sa retraite, et de se réconcilier avec sa fille… Sorte de rencontre entre Showgirls (1995), de Paul Verhoeven, et The Wrestler (2008), de Darren Aronofsky, ce drame dresse le portrait d’une femme au crépuscule de sa carrière, assaillie par les remords et les désillusions, vulnérable face au vieillissement inéluctable. Un chant du cygne poignant, à la photographie solaire qui sublime Pamela Anderson, dont la candeur et la profondeur ne sont pas sans évoquer Marilyn Monroe et la rendent immédiatement très attachante. S. B.
Vers un pays inconnu ★★★
De Mahdi Fleifel, avec Mahmood Bakri, Aram Sabbah. 1h46.
« Le destin des Palestiniens est en quelque sorte de ne pas finir sur leurs terres d’origine, mais plutôt dans un endroit inattendu et lointain. ». Primé au Festival d’Angers et au Cinémed à Montpellier, ce premier long métrage de fiction se situant quelque part entre L’histoire de Souleymane et Macadam Cowboy s’ouvre sur une phrase de l’écrivain Edward Saïd qui illustre bien la trajectoire de ses deux anti-héros finement dessinés : des cousins palestiniens voulant rejoindre l’Allemagne depuis Athènes où ils survivent comme ils peuvent. Quitte à arnaquer les autres, voire perdre une part de leur humanité. Jamais le réalisateur ne les juge pourtant, préférant montrer la complexité de leur situation au fil d’un récit qui progressivement prend les allures d’un thriller sans lui sacrifier le réalisme. Bap. T.
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The Insider ★★
De Steven Soderbergh, avec Michael Fassbender, Cate Blanchett. 1h33.
George Woodhouse, agent secret, se voit confier une liste de noms pour démasquer un traître dans son service. Parmi eux figure celui de sa femme ! Il va manœuvrer avec habileté pour réussir à confondre celui ou celle qui ment… Ainsi s’engage une partie de Cluedo très stylisée, avec son lot de règlements de comptes, de secrets, de manipulations et de chantages, orchestrée avec jubilation par Steven Soderbergh. En dépit d’un rythme en dents de scie et de son dessein un peu nébuleux, on s’embarque sans résistance dans ce jeu de dupes ludique, qui piège autant ses personnages que les spectateurs. Une nouvelle pirouette de la part du cinéaste américain, toujours aussi malin. S. B.
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La Convocation ★★
De Halfdan Ullmann Tondel, avec Renate Reinsve, Ellen Dorrit Petersen. 1h57.
Elisabeth est appelée en urgence par la direction de l’école primaire de son fils, Armand, 6 ans. Ce dernier aurait commis une agression sexuelle à l’encontre d’un camarade de classe avec qui il se chamaillait. Que s’est-il passé ? Les enfants assènent chacun leur version des faits, qui ébranle les certitudes des adultes… Halfdan Ullmann Tøndel, 35 ans, est le petit-fils de l’actrice norvégienne Liv Ullmann et du cinéaste suédois Ingmar Bergman. Natif d’Oslo, le jeune homme frappe fort en abordant le sujet périlleux du harcèlement scolaire dans ce premier long métrage, ce qui lui a valu la Caméra d’or au Festival de Cannes. On est plongé dans un huis clos oppressant où le doute pèse en permanence. Conçu comme un thriller, le récit déroule la réunion de médiation pour essayer de démêler le vrai du faux, dans une atmosphère malaisante. Ne jamais se fier aux apparences, même face à l’héroïne jouée par Renate Reinsve, qui oscille entre rire et larmes, et frôle plusieurs fois la crise de nerfs. Avec un bémol : des intermèdes décalés et superflus, qui rompent avec le réalisme chirurgical de la situation. S. B.
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On ira ★★
D’Enya Baroux avec Hélène Vincent, Pierre Lottin. 1h37.
Une octogénaire atteinte d’un cancer incurable a décidé d’organiser sa mort programmée en Suisse. Son fils étant absent pour signer les papiers, elle demande à un auxiliaire de vie venu la dépanner de parapher l’accord. Avant de l’embarquer, avec son rejeton et sa petite-fille, dans un road trip jusqu’en Helvétie. Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Enya Baroux (la fille du réalisateur des Tuche) a la bonne idée et la délicatesse d’aborder un thème grave tout en évitant toute dimension morbide et déprimante. Grâce à une bonne dose d’humour (souvent noir), à des situations aussi rocambolesques que désopilantes qui entretiennent le rythme, des dialogues bien sentis, et une bande de comédiens inspirés et convaincants, Hélène Vincent, Pierre Lottin et David Ayala en tête. Bon sang ne saurait mentir. B. T.
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Parthenope ★★
De Paolo Sorrentino, avec Celeste Dalla Porta, Gary Oldman. 2h16.
En 1950, Parthenope voit le jour dans un palais au bord de la Méditerranée. Sa relation avec son frère est si ambiguë qu’il se suicide… Paolo Sorrentino (La Grande Bellezza) tourne des films dans lesquels on aimerait vivre, scrutant la beauté des êtres humains, des paysages, de l’architecture et des œuvres d’art, racontant l’errance, au gré des rencontres, d’un personnage qui se cherche. Il se livre donc à l’étude anthropologique de son héroïne à la plastique de déesse, présomptueuse et insaisissable, rongée par les regrets et les échecs. En dépit d’une mise en scène qui tient le public à distance (à l’image de Parthenope) et le prive d’émotion, on retrouve la mélancolie du réalisateur italien, sa vision cruelle de ses contemporains, son sens du cadre exceptionnel et son rythme lent, qui invite à la contemplation. S. B.
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Black Box Diaries ★★
De Shiori Ito. 1h42.
Victime d’une agression sexuelle de la part d’un dignitaire proche du pouvoir japonais, une journaliste a eu le courage de porter plainte pour alerter l’opinion publique. Mais depuis dix ans, c’est un véritable marathon pour tenter d’obtenir justice. Shiori Ito a choisi de documenter son parcours de la combattante en se filmant face caméra : aussi bien dans les moments de prise de parole, dans ses investigations pour tenter d’interpeller celui qu’elle accuse, que dans ses épisodes de désespoir. Une leçon de courage. B. T.
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Blue Sun Palace ★★
De Constance Tsang, avec Wu Ke-Xi, Lee Kang-sheng, Haipeng Xu. 1h56.
Flushing, un quartier du Queens, à New York, concentre une importante communauté chinoise. C’est ici que vit Didi, employée dans un salon de massage. Avec son amant, Cheung, elle rêve d’une vie meilleure. Quand elle est tuée par un braqueur, Cheung se lie d’amitié avec sa meilleure amie, Amy… Ce drame intimiste met en scène le travail de deuil et de reconstruction de deux solitudes qui se consolent ensemble. Même si le récit a tendance à s’étirer, on est touché par sa pudeur, son extrême délicatesse et son humanité, à travers le portrait d’individus déracinés. S. B.
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Berlin, été 42 ★★
De Andreas Dresen, avec Liv Lisa Fries, Alexander Scheer. 2h04.
En pleine guerre, Hilde s’engage aux côtés de son mari Hans dans la lutte contre le régime nazi. Mais alors qu’ils envoient des messages à Radio Moscou, ils sont arrêtés. Enceinte, l’assistante dentaire est incarcérée dans une prison pour femmes. On suit les malheurs d’une anti-héroïne prise dans les turpitudes de l’Histoire, qui résiste pour l’amour de son bébé né derrière les barreaux. Les allers-retours entre le sombre présent, les souvenirs heureux du couple donnent du rythme à une mise en scène qui a tendance à plomber encore plus le récit. Et Liv Lisa Fries une belle candeur teintée de ténacité. B. T.
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Reine mère ★
De Manèle Labidi, avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard. 1h33.
Amel et Amor vivent une histoire d’amour passionnelle, qui a donné naissance à deux filles. L’aînée se découvre un ami imaginaire suite à un cours d’histoire qui l’a traumatisée : Charles Martel, qui a arrêté les Arabes en 732 à Poitiers… Manèle Labidi s’inspire de ses propres souvenirs d’enfance pour cette chronique douce-amère, qui raconte comment une famille lutte pour garder la tête hors de l’eau malgré ses difficultés financières tandis que l’adolescente converse avec un chef militaire du Moyen Âge incarné avec fraîcheur par Damien Bonnard. Si les intentions sont louables, on est un peu désarçonné par cet ovni qui oscille constamment entre drame social et comédie fantaisiste, avec des ruptures de ton créant un déséquilibre, pour parler d’identité, d’intégration, de racisme. Les seconds rôles féminins (Saadia Bentaïeb et Farida Rahouadj) sont très attachants. S. B.
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