C’est devant la télévision, chez lui dans son Pays basque adoré, qu’il a vu l’ailier bordelais égaler son record d’essais (38) sous le maillot bleu, qui date de 1991. L’occasion aussi pour l’un des meilleurs joueurs français de tous les temps d’analyser ce match de très haut niveau à Dublin, malheureusement marqué par la blessure d’Antoine Dupont (lire par ailleurs) et de se projeter sur l’Écosse.
Le JDD. « Les records sont faits pour tomber », avez-vous coutume de dire. Vous partagez désormais le vôtre avec Damian Penaud…
Serge Blanco. Égaler un record est une chose, le battre sera une autre étape. Mais c’est tellement insignifiant pour moi de savoir que j’ai un record. Très sincèrement, je pense qu’il faut mettre en avant le collectif. C’est-à-dire qu’on est à la disposition d’une équipe et que c’est elle qui vous permet d’inscrire des essais. La preuve, c’est une interception de Thomas Ramos qui offre à Damian Penaud l’essai. Vous allez dire que je fais la fine bouche. Au contraire, je suis très heureux qu’il ait égalé ce record qui datait de plus de trente ans, je le félicite. Mais j’insiste. Il ne faut pas que le rugby fasse comme d’autres disciplines, notamment le foot, en soulignant les records personnels alors que c’est le collectif qui prime.
Justement, la prestation collective à Dublin vous a-t-elle emballé ?
La France a gagné d’une manière fantastique avec une cohésion défensive exceptionnelle. On a courbé l’échine au début. Les avants ont été phénoménaux. Ils ont plaqué à tour de bras. Et après, la magie des trois quarts a fait le reste. Je mets en haut de l’affiche Louis Bielle-Biarrey. Le banc a apporté de l’enthousiasme, les remplaçants ont été dans la continuité de ce que les titulaires avaient mis en place pendant pratiquement une heure. On a peut-être assisté à une passation entre la France et l’Irlande, qui avait jusque-là la mainmise. En Europe bien sûr, mais aussi au niveau mondial. Je crois que cette équipe a véritablement franchi un palier.
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Sur le papier, on pourrait se dire qu’on a gagné avant même de jouer
Que dire de la blessure d’Antoine Dupont et de l’entrée de Lucu ?
Je ne vais pas polémiquer mais on est en droit de se poser certaines questions. Ne fallait-il pas sanctionner le joueur qui est arrivé en travers et qui a tordu le genou d’Antoine ? Il y a un règlement et sur cette action bien précise, à mon sens, il n’a pas été appliqué. Maxime Lucu a été génial : il a remplacé au pied levé notre ami Antoine Dupont, il a pris les choses en main, il a dynamisé le jeu, il a lui-même défendu. Maxime m’a époustouflé.
Comment envisagez-vous la finale face à l’Écosse ?
Les Bleus étaient partis pour faire un Grand Chelem. Ils ne cachaient pas du tout cette ambition. Malheureusement, on a commis un faux pas en Angleterre. Pour ce dernier match, on reçoit l’Écosse qui a certains atouts. Sur le papier, on pourrait se dire qu’on a gagné avant même de jouer. Mais le rugby est un sport exceptionnel et il faut toujours se méfier de l’adversaire. Je regarde l’avenir droit dans les yeux. Et l’avenir, c’est devenir champion du monde en 2027. Il y a un passage obligé : gagner contre l’Écosse, remporter le tournoi et démontrer que nous sommes les meilleurs en Europe, afin de poser des jalons pour défier les nations du Sud.
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