Guerre en Ukraine, tensions internationales… mais à l’Assemblée, on débat du frelon asiatique et de la grossophobie
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Victor-Isaac Anne
08/03/2025 à 22:15

L’Assemblée nationale vit-elle dans une réalité parallèle ? Ce lundi 3 mars, c’est devant un hémicycle clairsemé que François Bayrou évoque la situation en Ukraine et la sécurité en Europe. « Trois jours après la violente altercation dans le Bureau ovale, je pensais naïvement que les parlementaires répondraient présents », glisse un proche du Premier ministre. À croire que de nombreux députés ne prennent pas la mesure de la tempête géopolitique.
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« Les débats du lundi soir attirent rarement les foules », nuance le député DR Éric Pauget. L’élu des Alpes-Maritimes reconnaît toutefois une forme de « déconnexion du microcosme parlementaire avec l’urgence du moment ». La séance de questions au gouvernement, mardi 4 mars, en offre quelques illustrations. Comme lorsque la députée écologiste Sabrina Sebaihi interpelle le ministre de la Santé Yannick Neuder sur l’inaction de l’État en matière de lutte contre l’obésité et la grossophobie. Mais encore quand l’Insoumise Anne Stambach-Terrenoir somme le ministre des Transports Philippe Tabarot de tirer les conséquences de la suspension du chantier d’autoroute A69 par la justice et « d’engager enfin l’indispensable bifurcation écologique ». De même, l’Assemblée peut donner le sentiment de discuter du sexe des anges quand elle débat mercredi de « l’échec global de la reconquête de la qualité de l’eau potable » avant d’examiner jeudi des textes visant à endiguer la prolifération du frelon asiatique et à préserver la filière apicole ou de promouvoir le démarchage téléphonique consenti.
L’Assemblée nationale n’est pas le lieu de l’international
« Et donc, quel est le problème ? Ce sont des sujets importants qui ont toute leur place en questions au gouvernement ! Le contexte international n’est pas l’alpha et l’oméga du débat parlementaire », s’agace un député socialiste. Pour ce conseiller ministériel, le problème ne réside pas tant dans la mise en avant de préoccupations lilliputiennes, que d’un état d’esprit général : « Quand on voit, par exemple, que la retraite à 62 ans continue d’animer les débats à l’heure où nous devons investir pour notre défense, promouvoir l’autonomie stratégique, investir dans l’IA et le quantique, on se dit qu’on ne vit pas dans le même univers mental. » Au sein du gouvernement, on fait davantage confiance à l’intelligence collective des Français qu’à celle du Parlement. Le fait que l’allocution d’Emmanuel Macron ait réuni plus de 15 millions de téléspectateurs mercredi atteste à tout le moins d’une prise de conscience de la gravité du moment dans l’opinion. À la décharge des députés, l’Assemblée nationale n’est pas le lieu de l’international. Toutefois, « rien ne leur interdit de mettre leur nez dans les affaires étrangères. On n’est pas à l’abri d’une bonne idée », grince un ministre de premier plan.

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