Ségolène Royal pourrait demander des royalties. C’est elle qui a popularisé le concept « d’écologie punitive » en 2009, alors qu’elle s’opposait à la taxe carbone, un impôt douloureux censé modifier les comportements et lutter contre le réchauffement climatique. « Je n’ai jamais pensé que l’écologie devait se défendre par la punition. Elle doit se défendre par l’impulsion, par l’orientation et l’envie de participer à un projet de civilisation », écrit-elle à l’époque dans une tribune remarquée.
L’ancienne ministre de l’Environnement anticipe la grande fracture entre écologies pragmatique et politique. La première propose d’aménager la société en tenant compte des impératifs économiques et sociaux, la seconde considère que la transition écologique est nécessairement douloureuse. Or, c’est bien cette vision qui triomphe depuis plusieurs années dans le débat public. En témoigne la surface médiatique – surtout sur le service public de l’audiovisuel – de certains sujets, comme la décroissance ou la réduction de la natalité.
Interdiction d’avoir plus de X enfants, de voyager en avion, de mettre un sapin de Noël, de manger de la viande, d’accompagner le Tour de France, d’interroger les pires prédictions… Le seul ressort de ces imaginations est la privation de liberté. Une vision qui séduit jusqu’à la haute administration où l’on fait preuve d’une certaine créativité en matière de normes, sans toujours s’assurer de leur efficacité et de leur soutenabilité.
« Si on voulait détourner les citoyens de l’urgence climatique, on ne s’y prendrait pas autrement », déplore un ancien député écologiste, en rupture de ban avec son ancienne famille politique. Il pense notamment à ces dispositifs technocratiques dont on parle de plus en plus : ZFE, ZAN, DPE… Derrière ces acronymes obscurs, des mesures censées favoriser la transition écologique, mais dont la mise en œuvre se révèle contraignante, coûteuse voire irréaliste. « Le problème, c’est qu’on prend des mesures sans jamais tenir compte des besoins des personnes concernées », s’agace le parlementaire.
Exemple avec l’objectif d’atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050, rendant impossible de bâtir sur des terres agricoles ou des espaces naturels, à moins de renaturer autant de mètres carrés. Autant dire un sacré casse-tête. En l’occurrence, le réel s’est rappelé au bon souvenir des promoteurs de cette mesure, puisque le Sénat vient d’adopter une proposition de loi laissant aux collectivités le soin de fixer le rythme d’artificialisation.
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Certains parient que les ZFE, ces zones d’exclusion proclamées dans les centres-villes qui interdisent l’accès aux véhicules les plus anciens, risquent de connaître un destin similaire, tant elles stigmatisent et privent les plus modestes de l’élémentaire liberté de circulation. « On peut toujours ergoter sur la pertinence du concept d’écologie punitive, le fait est que certains subissent ces mesures », pointe l’ex-député écolo.
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