Céline Imart a été élue députée européenne en juin dernier en deuxième position sur la liste de François-Xavier Bellamy. Ancienne vice-présidente des Jeunes agriculteurs, elle est également exploitante agricole dans le Tarn-et-Garonne.
Le JDD. Pourquoi avoir choisi de soutenir Bruno Retailleau pour la présidence des Républicains ?
Céline Imart. Je soutiens Bruno Retailleau pour ses positions vraiment à droite. C’est quelque chose dont je suis très attachée. Même si sur le fond, il n’y a pas de différence avec Laurent Wauquiez. Son parcours est un cursus honorum. Je l’avais rencontré quand j’étais vice-présidente des Jeunes agriculteurs et lui président des Républicains au Sénat. Sa droiture dans sa ligne et sa constance dans ses idées n’ont jamais changé, ce qui me donne envie de labourer pour lui. (Rires).
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D’autre part, il y a autre chose de génial chez lui. C’est cette révélation depuis qu’il est ministre de l’Intérieur. Il a su créer une connivence avec les Français. Depuis que je suis engagée en politique, j’ai entendu des dizaines de fois ces mots de « trahison » et de « reniement ». Les électeurs de droite sont partis au Rassemblement national ou dans le bloc central car ils ne se reconnaissaient plus en nous. Bruno Retailleau arrive à recréer ce lien avec eux. C’est une chance de l’avoir.
« Ce qui m’inquiète, ce sont les entourages des candidats »
Ne craignez-vous pas une guerre des chefs avec Laurent Wauquiez ?
Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et Secrétaire général de LR NDLR.) l’a dit : ce n’est pas une guerre mais une élection. Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les entourages des candidats. Certains se croient dans une écurie et ont tendance à lâcher la petite phrase aux journalistes pour faire monter l’affrontement. Il ne faut pas tomber dans cette facilité. Cette élection suscite de l’engouement. Les Français s’y intéressent alors qu’il y a quelques mois, ils n’en auraient même pas entendu parler. Dans trois mois, la campagne sera terminée. Celui qui gagne devra ensuite rassembler toutes les composantes du parti.
Pourquoi Bruno Retailleau serait un meilleur chef pour Les Républicains ?
C’est compliqué à répondre. Je dirai que c’est quelqu’un qui délègue énormément. Il respecte toutes les sensibilités politiques et il a de l’expérience en la matière.
« Avoir deux métiers et faire des semaines à 70 heures n’est pas quelque chose qui me choque »
Peut-il être à la fois président des LR et ministre de l’Intérieur ?
On l’a fait par le passé, ça nous a plutôt bien réussis (Nicolas Sarkozy de 2005 à 2007 NDLR.). Je vais dire quelque chose qui est peut-être présomptueux. Mais personnellement, j’ai un mandat de députée européenne et quand je rentre chez moi, je travaille à la ferme. Avoir deux métiers et faire des semaines à 70 heures, ce n’est pas quelque chose qui me choque. Ça ne me paraît donc pas être un problème. Puis Bruno Retailleau a une grosse capacité de travail en plus de bien-être entouré.
Le Salon de l’agriculture 2025 a ouvert ses portes ce samedi 22 février. À côté de ça, le Projet de loi d’orientation agricole vient d’être définitivement voté au Sénat. Les temps sont moins durs que l’année dernière pour les paysans ?
Il y a effectivement un changement qui est très intéressant. Surtout que cette loi précise que l’agriculture devient un « intérêt général majeur pour la nation ». Il y a encore du chemin, mais c’est une évolution très positive. Deux autres textes sur l’agriculture vont aussi arriver au Parlement d’ici quelques semaines. Le combat semble davantage gagnable. On recommence enfin à parler d’investissement, de compétitivité, ça avance.
Au sein de la Commission européenne, Ursula von der Leyen vient également d’opérer un changement de cap
Elle a été mise sous une pression incroyable dès l’année dernière avec beaucoup de manifestations d’agriculteurs. On a continué à la mettre depuis. Finalement, elle a remarqué que les revendications des paysans sont les mêmes que celles des chefs d’entreprise. C’est-à-dire plus de simplification et moins de bureaucratie. Elle est têtue, ça a été dur, mais on a réussi à faire passer le message.
Plus globalement, la majorité change au Parlement européen. L’hémicycle se tourne vers la droite. La Commission vient également de rentrer en fonction. Le vrai travail législatif va commencer maintenant. On a poussé pour que l’agenda de la Commission soit conforme à nos souhaits. Il faudra notamment sanctuariser un budget pour nos agriculteurs. L’objectif est qu’ils puissent vivre de leur métier. Par exemple, ce n’est pas normal que les Farmers américains soient trois fois plus aidés dans leur pays que les agriculteurs européens dans les nôtres.
Il y a aussi une notion importante à faire entrer dans le langage de la Commission, c’est celle de « souveraineté ». Nous n’avons aucun objectif de production contrairement à la Russie ou à la Chine. Par exemple, la Chine a un stock de lait sur un an. Leurs dirigeants ont compris qu’en cas de problème international, ils ne peuvent pas laisser leur population sans rien. Nous, demain, si on n’a un pépin mondial, on ne pourra pas nourrir notre population. On est largement importateur sur les fruits et légumes, la volaille ou les croquettes. Il reste donc encore du travail.
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