
Le futur ex-directeur général de la chaîne, Franck Appietto, est inconsolable. « Nous savions que, quoi que l’on fasse, ils nous élimineraient… C’est un immense gâchis, une injustice totale qui pénalise des équipes extrêmement performantes. » Plus de 400 personnes qui faisaient vivre l’antenne autant qu’elles vivaient grâce à elle s’apprêtent à basculer dans le flou absolu, craignant la précarité. Le 1er mars, à minuit, C8 deviendra un écran noir, après dix-neuf ans d’existence : « On est partis pour trois mois de négociations dans le cadre d’un plan de départs. Volontaire dans un premier temps, puis contraint ensuite », poursuit-il. Un plan peu réjouissant, mais néanmoins compensatoire, qui ne concerne « que » la moitié (environ) des emplois affectés par la décision. Tous les autres, souvent intermittents du spectacle, n’ont que des contrats de saison ou facturent à la journée. Pour eux, c’est direction France Travail (anciennement Pôle emploi).
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Ils sont journalistes, régisseurs, chargés de production, chauffeurs de salle, stylistes, coiffeuses, maquilleuses ou responsables de la sécurité… autant de personnes indispensables à la fabrication des programmes, désormais contraintes d’envoyer des CV à tout-va. « En plein milieu de la saison en plus. Dans nos métiers, c’est le pire moment », s’inquiète Soraya, responsable beauté qui travaille sur la chaîne depuis le début. La fin de C8, ce sont aussi toutes ces sociétés de production dont l’avenir devient incertain. H20, la maison-mère de « TPMP », bien sûr, mais surtout toutes les autres.
À l’instar de Bytheway, la société de Laurent Fontaine. Depuis 2022, son émission culte « Y’a que la vérité qui compte », avait ressuscité avec succès sur C8. « J’ai dû écarter la dizaine de journalistes qui travaillaient sur l’émission, regrette-t-il. On devait pourtant tourner une nouvelle série de quinze prime times à la rentrée… »
L’incertitude règne depuis juillet au point de devenir invivable
Même son de cloche du côté de Jordan De Luxe, aux commandes de l’émission « Chez Jordan », chaque matin, depuis septembre 2022 : « De Luxe Production fait travailler quinze personnes quotidiennement. Notamment des cadreurs, des ingénieurs du son… Et là, on doit se séparer de tout le monde ! » Les dommages collatéraux générés par la volonté de l’Arcom ne s’arrêtent pas là. Si l’intention de museler Cyril Hanouna et les audiences stratosphériques de son « TPMP » paraît claire, elle éteint au passage toutes les autres émissions. Notamment « Les Animaux de la 8 », une référence depuis quatorze ans, « William à midi », ce magazine de la mi-journée présenté par William Leymergie, mais aussi « Envie d’agir », un magazine citoyen animé chaque dimanche par Jaleh Bradea. Autant de programmes qui ne trouveront probablement pas de point de chute, et qui emportent avec eux plusieurs dizaines de collaborateurs.
Cyril Hanouna, véritable locomotive de la chaîne, a d’ores et déjà annoncé qu’il emmènerait dans ses bagages – vers sa future destination professionnelle – un maximum de personnes. Mais l’incertitude qui règne depuis juillet dernier s’est amplifiée, au point de devenir invivable pour les concernés. « L’Arcom, ce n’est pourtant que neuf personnes dans un bureau, qui ont décidé d’en mettre 400 autres au chômage, et de priver 40 millions de téléspectateurs, qui passent chaque mois sur notre antenne, des programmes qu’ils aiment », conclut amèrement Franck Appietto.
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