Dans une île où 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, l’AFD finance un projet pour « réduire les violences de genre au sein des collèges par la pratique du rugby ». C’est l’association Terres en Mêlées qui a hérité de la somme, pour un projet en trois phases. Phase 1, de janvier 2024 à décembre 2026 : déconstruction des stéréotypes de genre, notamment par le biais de « vingt professeurs d’EPS ». « Une étude comportementale » est prévue sur 200 élèves avec un but : que « 90 % de collégiennes développent l’esprit de sororité ». Phase 2 : prise en charge des victimes de « violences basées sur le genre ». Phase 3 : que l’association atteigne l’autonomie.
Algérie/Tunisie : jeunesse et pouvoir d’agir (2024-en cours)
700 000 euros
Gouvernance citoyenne, inclusivité, promotion de la jeunesse… ce sont les mots-clés associés à la subvention léguée par l’AFD à l’ONG Migration-Citoyenneté-Développement (Grdr). Le but est plus que vague : palier les « difficultés rencontrées par la jeunesse en Tunisie et en Algérie ». Les outils le sont aussi : mise en place d’une « insertion intégrale » d’ordre économique, citoyen ou climatique, dédiée aux jeunes des deux pays du Maghreb. Plus concrètement, l’AFD espère la création d’un tissu associatif à « échelle locale », qui intégrerait 600 à 800 jeunes, à l’issue du projet censé durer trois ans.
Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger : recherches sur le criquet pèlerin
3 millions d’euros
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C’est une aide multilatérale accordée à l’agence spécialisée de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), via sa commission de lutte contre le criquet pèlerin. Une somme versée pour « améliorer la sécurité alimentaire et préserver la santé humaine, animale et des écosystèmes », menacés par cet insecte invasif qui s’attaque aux cultures agricoles. Objectif louable… mais l’application du projet reste néanmoins vague, décrits comme autant « d’activités de recherche opérationnelles ». La note de communication d’opération de l’AFD ne donne aucune autre information. Le rapport indique seulement que le financement est divisé en deux parties : deux millions pour la gestion du projet, auxquels s’ajoute un million « en appui au plan régional d’urgence face à la menace acridienne ». Les « effets attendus » sont tout aussi flous : « En améliorant les connaissances sur l’évolution des dynamiques de populations de criquet en lien, il permettra d’assurer de la pertinence des moyens de prévention, notamment dans le cadre du changement climatique. » Le 13 mai 2024 signait la fin du projet… Depuis, aucune nouvelle sur l’avancement de la lutte antiacridienne.
Sénégal : insertion socio-professionnelle des jeunes filles et garçons talibés dans les zones périurbaines
1,2 million d’euros
Le Secours islamique France bénéficie depuis 2020 d’une subvention pour le Sénégal. L’objectif : « La formation et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes filles et garçons talibés [étudiants, NDLR ] dans les zones périurbaines. » En d’autres termes, une subvention prévue pour les élèves des écoles coraniques traditionnelles, dites non formelles. Ces établissements, souvent très précaires, ne sont pas reconnus officiellement par l’État sénégalais. Le projet envisage donc une aide à des élèves « peu pris en compte par les politiques publiques ». Bilan temporaire ? « Un modèle d’inclusion accessible et spécifique défini » ; « au moins 210 de ces jeunes talibés sont réinséré.e.s » (sic) ; « au moins 210 des jeunes ciblés considèrent que leurs avis sont pris en compte et intégrés dans les politiques publiques des collectivités ». Un bilan dont l’objectivité repose donc sur leur « considération ».
Tchad : développement inclusif des zones d’accueil pour les réfugiés (2018 – 2022)
21,5 millions d’euros
Si les autorités tchadiennes ont récemment mis fin au partenariat militaire avec l’armée française, l’AFD continue à opérer dans le pays. En 2018, en partenariat avec l’Union Européenne, l’AFD a octroyé cette subvention au projet « Diza », qui vise à réintégrer les centaines de milliers de réfugiés déplacés au Tchad dans une économie locale « inclusive ». Avec diverses missions : partenariats entre acteurs privés et publics, amélioration de l’accès aux services sociaux de base pour les migrants, lutte contre les tensions intercommunautaires… Depuis le début du projet, en 2018, plus de 500 000 nouveaux migrants sont venus s’installer au Tchad.
Liban : Lutte contre l’insécurité menstruelle et promotion de l’autonomisation économique (en cours)
637 000 euros
Dans la région du Akkar, dans le nord frontalier de la Syrie, la situation économique et sécuritaire est catastrophique. Les réfugiés syriens sont nombreux à y vivre dans des conditions déplorables et la plupart des infrastructures libanaises sont dans un état pitoyable. Mais l’AFD a choisi de financer un projet de lutte contre « l’insécurité menstruelle » des femmes libanaises. La subvention a été versée à l’ONG française « Plan International France », spécialisée dans le droit des femmes. Les financements de l’AFD ont ainsi permis la mise en place d’une production locale de serviettes hygiéniques ainsi que la « sensibilisation de plus de 4 000 jeunes femmes » à la santé sexuelle, la menstruation et à… « l’égalité des genres ». Un soutien financier justifié par l’objectif de « l’indépendance économique et la santé menstruelle des adolescentes et des femmes », tout en contribuant à « faire évoluer les pratiques et mentalités autour de la menstruation et des normes de genre néfastes ».
Egypte : Aide psychiatrique pour les migrants… (2019 – mentionnée en cours)
1,2 million d’euros
C’est l’ONG Médecins du Monde qui a bénéficié de la subvention pour « l’accès aux services de santé mentale et soutien psychosocial » ainsi que la « détection du handicap pour les migrants et les populations hôtes les plus vulnérables en Egypte ». Pour atteindre ses objectifs, le projet prévoit entre autres « le renforcement des capacités du personnel des centres de soins de santé primaire » ; « des ateliers de travail avec les migrants sur les mécanismes de protection » ; « la formation de mères d’enfants en situation de handicap » ou encore des « actions de plaidoyer ». Des actions sans doute légitimes en Egypte, mais avec un argent français qui manque dans le système de santé mentale… français, promu grande cause nationale pour l’année 2025. En janvier dernier le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) alertait en effet sur un « déni d’une situation extrêmement grave ». Un constat illustré en chiffre par un rapport parlementaire de décembre 2024 : « Le système de soins psychiatrique français a connu une perte nette de 7 000 places de temps complet entre 2008 et 2022. »
Niger – Burkina – Côte d’Ivoire – Bénin – Sénégal : droits de la santé sexuels et reproductifs (2019 – en cours)
1,3 million d’euros
Dans la bande sahélienne, au Niger, la France a été expulsée du pays en août 2023. Après un coup d’État, une junte militaire a pris le pouvoir et a fait de la France son ennemi n°1. Pour autant, l’agence française d’aide au développement ne s’est pas retirée du pays et continue de financer plusieurs projets d’importance. Construction d’une centrale photovoltaïque, subventions à des projets agricoles ou pastoraux, l’AFD est également impliquée dans des projets favorisant l’accès à l’avortement et à la contraception, pour plus d’un million d’euros. Au Niger, c’est l’ONG féministe Equipop, qui « place l’approche du genre au cœur de ses actions », qui a reçu le soutien financier de l’AFD.
La Cimade : agir pour une meilleure protection des droits des migrants (2019 – en cours)
200 000 euros.
Au Sénégal, aux Comores et au Suriname, l’agence française d’aide au développement subventionne l’ONG « La Cimade », régulièrement accusée de soutenir l’immigration illégale en France. Intitulé « Agir pour une meilleure protection des droits des migrants », le projet, aux contours assez flous, « entend travailler aux enjeux et modalités fondamentaux de cette protection le long des parcours migratoires ». La Cimade encadre ainsi le collectif africain Loujna Tounkaranké, qui a comme spécificité de venir en aide aux migrants africains pour effectuer leur traversée. Au Suriname et aux Comores, aucun partenaire n’a pour le moment été identifié.
Jordanie : des budgets non-genrés (2022 – en cours)
151 millions d’euros (dont une part de « prêts »)
L’AFD accompagne le royaume de Jordanie dans la mise en place d’une « budgétisation sensible au genre ». Sur son site internet, l’agence mentionne un prêt souverain, mais également des subventions pour ce faire. L’objectif ? Sensibiliser les acteurs économiques et institutionnels jordaniens à la question de « l’égalité des genres » et à une meilleure mixité dans le recrutement. Sans que des mesures concrètes ne soient mentionnées, l’AFD établit un but difficile à saisir : « la pleine prise en compte des inégalités de genre à toutes les étapes de la chaîne budgétaire et à concilier, aligner et ajuster la double approche « positive » et « intégrée », autant de marqueurs de la démarche BSG (Budgétisation sensible au genre) en Jordanie. »
Afrique et Caucase : protection holistique des minorités sexuelles et de genre (2024 – en cours)
1,7 million d’euros
C’est l’ONG « Agir ensemble pour les droits humains » qui a écopé de la subvention pour favoriser l’inclusion des minorités sexuelles dans le Caucase ou en Afrique. Comment ? En finançant des organisations représentatives des « minorités sexuelles et de genre », en favorisant des programmes d’inclusion, en mettant en place des évènements culturels, médiatiques et artistiques afin de sensibiliser au sort des communautés LGBTQIA+. En plus de l’ONG bénéficiaire, L’AFD précise s’appuyer sur des associations partenaires comme « Urgence homophobie », « Cœur Arc-en-ciel » ou encore la « Fondation le Refuge ». Conçu pour une durée de 30 mois, le programme espère ouvertement réussir à « renforcer l’influence dans les processus internationaux des organisations représentatives des minorités sexuelles ».
L’exemple des Comores
250 millions d’euros en 26 projets
En 2019, des accords dits de « coopération » étaient signés entre la France et le gouvernement des Comores : en l’occurrence, l’enjeu était migratoire. La France investissait 150 millions d’euros via l’aide au développement, en échange de quoi le gouvernement comorien s’engageait à lutter contre l’immigration illégale qui submerge l’île française de Mayotte.
Depuis, le budget a augmenté pour atteindre 250 millions d’euros, répartis dans 26 projets et 10 secteurs d’intervention. Santé, écoles, eau, infrastructures, gouvernance, appui à différents ministères, mise en place d’une assurance maladie généralisée… Soit exactement ce dont manquent les Mahorais voisins.
Les autorités se félicitent d’une réussite, expliquant que les Comores empêchent le départ de 8000 personnes par an vers Mayotte. Une goutte d’eau alors que 40 points de départs sont recensés et que le chef régional de l’Insee déclarait l’année dernière qu’à Mayotte, « près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère, soit 48 % de la population totale, et 95 % de ces étrangers sont Comoriens. »
Depuis, non seulement le gouvernement Comorien parle ouvertement de « la soi-disant appartenance de l’île de Mayotte à la France », niant ainsi la souveraineté de la France sur son territoire, mais Guillaume Bigot évoque dans son rapport l’existence d’un cercle vicieux du « chantage à l’aide ». Maintenant qu’elle est en place, son retrait entraînerait des départs massifs, menacent les autorités comoriennes. Autorités d’un pays malheureusement connu pour sa corruption endémique… Dans lequel les aides à la « gouvernance » atteignent pourtant des millions
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