
God, family and… free market. Dans les gigantesques halls de l’Excel London, l’un des plus grands centres de congrès du monde, les éloges divins accompagnent ceux du capitalisme. « Moins d’État, plus de sacré », scandent en cœur les intervenants de l’Alliance for Responsible Citizenship (ARC). Ce grand raout conservateur soufflait cette semaine sa deuxième bougie, avec une première édition à succès en 2023. Fondée par la baronne et membre de la Chambre des Lords Philippa Stroud, l’ARC est intimement associée à Jordan Peterson, un psychothérapeute mondialement connu pour ses positions conservatrices et ses innombrables références bibliques.
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Et cette année, la liste des invités était particulièrement prestigieuse, à commencer par Kemi Badenoch, chef du parti conservateur anglais. Cette politicienne d’origine nigériane incarne l’aile droite des Tories. Face aux 4 000 invités de l’ARC, Badenoch s’est fendue d’une puissante tirade sur « l’immigration de masse qui tue à petit feu la société britannique ». Une rhétorique balayée, dès le lendemain, par l’autre invité d’honneur de la conférence, Nigel Farage. Le patron de Reform UK, le nouveau parti qui ne cesse de grimper dans les sondages politiques britanniques, a déclaré la guerre aux conservateurs anglais : « Je vous le dis, ces gens ne sont pas de droite. Ils n’ont fait que trahir leurs électeurs depuis trente ans ! » Ambiance…
L’historien Niall Ferguson, l’écrivain Douglas Murray ou la psychiatre Erica Komisar ont successivement abordé les questions d’éducation, d’écologie ou de religion
Mais la politique anglaise n’a pas longtemps monopolisé les débats. Sur les estrades de l’Excel, Mike Johnson, le président de la Chambre des représentants aux États-Unis, est venu souffler sur l’Europe la « vague trumpiste ». Pour ce fervent protestant et homme fort de l’administration Trump, il est temps pour les Européens de « remettre Dieu au cœur de la politique, seule condition pour obtenir la victoire ». Un appel au sacré accueilli par un tonnerre d’applaudissements à faire trembler les ayatollahs de la laïcité en France.
En plus des politiciens conservateurs, parmi lesquels l’ex-Premier-ministre australien ou des eurodéputés polonais et autrichiens, des intellectuels de renom ont défilé devant le public. L’historien Niall Ferguson, l’écrivain Douglas Murray ou la psychiatre Erica Komisar ont successivement abordé les questions d’éducation, d’écologie ou de religion. Complétées par des interventions sur l’économie et la nécessité du libre-échange. Peter Thiel, fondateur de Paypal et conseiller de Donald Trump, a appelé les Européens à « tourner définitivement la page du socialisme » afin de redevenir une « civilisation de bâtisseurs ». C’est bien là toute l’ambition de l’ARC : dessiner l’Europe de demain afin d’y « reconstruire la civilisation ».
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