Alors que le phénomène prend de l’ampleur aux États-Unis, pour la première fois en France, une femme confie, dans un long témoignage, ses regrets après sa transition de genre. Cette prise de parole a été rendue possible grâce au travail de la journaliste Dora Moutot et de l’ancienne Femen Marguerite Stern. L’entretien a été publié ce mercredi 19 février sur leur chaîne YouTube « Femelliste », fraîchement relancée depuis désormais une semaine. Le slogan du média, qui compte quelque 2 5 000 abonnés : « Penser librement, parler franchement. »
« Nous sortirons un entretien par semaine jusqu’au moins la fin de l’année 2025 », assure Marguerite Stern. Contrairement à la grande majorité de ce type de formats face caméra, cette fois, on ne voit que la personne interrogée. « On estime qu’on a déjà beaucoup pris la parole avec Dora, poursuit la militante. Maintenant on veut tendre le micro et mettre en valeur nos invités. Le but n’est pas d’avoir une conversation avec l’interrogé. Nos questions sont uniquement posées afin que la personne puisse dérouler son récit. Seul l’interrogé importe ».
Grâce à ces longs formats, les deux auteures de l’ouvrage Transmania (Magnus) souhaitent aborder leur sujet de prédilection : la question trans et ses dérives. Leur premier pari a été réussi grâce à l’entretien avec Lyo Kessler, une femme suisse dont le récit est un « document historique », selon Marguerite Stern. « Je pense que dans 10 ou 15 ans, on visionnera cet entretien avec un regard très différent. Elle deviendra le miroir d’une époque terrible », ajoute l’ancienne militante Femen.
Pour cette dernière, le seul moyen de « mettre fin à la folie trans » est de mettre la lumière sur ce type de témoignage. « Un spécialiste n’aura jamais le même discours qu’une personne qui a traversé dans sa chair une transition de genre » relate-t-elle. Pendant près d’1h30, Lyo Kessler revient sur son enfance, ses opérations et son regret de « devoir vivre avec ce corps mutilé » pour le reste de sa vie.
Marguerite Stern salue le « courage immense » de Lyo qui « s’expose au harcèlement de la communauté trans »
Cette femme âgée de 36 ans accable le corps médical. « La médecine, ce n’est pas d’agir sur des corps qui n’ont aucun problème. On m’a retiré la possibilité de pouvoir m’accepter en tant que femme », déplore Lyo. Celle qui se dit « super fière d’être une fille maintenant » explique être passée par des « représentations psychologiques qui [l]’ont amenée à accepter qu’on [la] mutile ».
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À toutes celles qui doutent, qui subissent un mal-être, elle conseille prudemment de ne « pas aller dans la communauté » trans. Diagnostiquée au sortir de l’adolescence comme ayant une « dysphorie de l’identité sexuelle », Lyo Kessler a subi deux très lourdes opérations qui se sont mal déroulées, dont la première à l’âge de 20 ans. Après seulement trois mois de suivi psychologique et deux rendez-vous, elle a subi une ablation des seins dans une clinique privée. Prise dans la spirale, en 2018, celle qui est née femme sans aucun problème de santé a enduré une ablation de son utérus et de ses ovaires. Une opération encouragée par son endocrinologue, qui lui enjoignait d’« avancer », puisque c’était son « choix ». Vingt-quatre heures seulement après sa mise en ligne, le récit de Lyo Kessler cumule déjà près de 100 000 vues. Marguerite Stern, qui « tient tellement à ce qu’elle soit entendue », salue le « courage immense » de Lyo, qui « s’expose au harcèlement de la communauté trans ».
Celles dont on ne compte plus les conférences annulées et les agressions physiques ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Les deux féministes comptaient initialement se concentrer uniquement sur le sujet de la question trans, avant de changer d’avis. « Notre enquête Transmania nous a amenées à repenser notre rapport au féminisme, à l’écologie, à la maternité, à la liberté d’expression, relate Marguerite Stern. On ne veut pas rester enfermées dans un sujet. On a envie de diversifier nos entretiens ».
Pour le JDD, l’ex Femen dévoile les prochains sujets qui seront abordés sur leur chaîne. Après la publication la semaine dernière d’un long entretien avec le chroniqueur Mathieu Bock-Côté sur le « politiquement correct », « Femelliste » mettra en ligne la semaine prochaine un entretien avec la présidente du collectif Némésis, Alice Cordier, sur les coulisses de son combat.
Le sujet de la maternité sera ensuite traité. « Après des années de féminisme de gauche où il est répété à longueur de journée que la maternité est un asservissement pour les femmes, il faut parler de ce sujet qui nous tient à cœur, affirme Marguerite Stern. On a encore une audience très féministe “de gauche”. Il faut qu’elles soient confrontées à une autre opinion sur le sujet. On a passé la trentaine, notre fécondité est en déclin, j’aurais aimé avoir un autre regard sur la maternité à l’époque ».
Dora Moutot et Marguerite Stern ont également inscrit dans leur agenda un entretien avec le fondateur d’In Media Plus, Simon Moos, pour aborder le sujet de la montée de l’antisémitisme dans les sphères wokes et son infiltration dans les universités françaises. Les auteurs évoquent également d’autres histoires de vie sur des problèmes de santé typiquement féminin. Dans un contexte où la liberté d’expression semble de plus en plus fragile, Dora Moutot et Marguerite Stern ne comptent pas s’empêcher, même en 2025, de penser librement et de parler franchement.
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