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Le visage tuméfié du Dr. Oulmekki, médecin généraliste de 64 ans, après une violente agression à Drancy, pour une simple histoire de remboursement de la Sécurité sociale, avait profondément choqué nos concitoyens en novembre dernier.
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Depuis le 13 février, la stupéfaction laisse place à la colère. La condamnation de l’agresseur à seulement trois semaines de travaux d’intérêt général est une gifle faite à tous les professionnels de santé. Le message envoyé par cette décision est terrible : frapper un médecin n’a aucune conséquence. Ça suffit !
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L’heure du sursaut
En France, chaque jour, c’est en moyenne 65 professionnels de santé qui sont victimes d’agressions. D’après le Conseil national de l’Ordre, seuls 31 % des médecins ayant signalé des violences ont porté plainte. L’ampleur du phénomène est donc largement sous-évaluée par les autorités. Cette insécurité touche tout le secteur. Le médecin dans un quartier pudiquement nommé « sensible », l’infirmière dans un couloir de CHU, le pharmacien en ruralité : tous doivent composer avec l’ensauvagement de la société.
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Alors que nous traversons une crise de la vocation dans le milieu médical, comment convaincre un jeune médecin ou une infirmière libérale de s’installer dans les territoires perdus de la République ?
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Un phénomène est donc largement sous-évalué par les autorités
Le soignant a un rôle particulier dans la vie de la cité, il accompagne nos concitoyens de la naissance à la mort. C’est un pilier, une autorité bienveillante indispensable à toute société. L’explosion des agressions contre eux n’est pas un fait anodin, c’est le signe malheureux d’un état de « mort civilisationnelle ».
L’affaire de Drancy et cette condamnation indigne doivent être l’occasion d’un sursaut.
L’État a le devoir de protéger ceux qui nous soignent
Force est de constater que, face à l’ampleur du phénomène, la réponse du gouvernement n’a pas été à la hauteur. Le gouvernement avait mené en 2023 une « campagne de sensibilisation » sur les violences contre les professionnels de santé. Une campagne de communication, des affichettes… la fleur contre le fusil.
L’État a pourtant le devoir de protéger ceux qui nous soignent. 40 ans de laxisme ne s’effaceront pas d’un coup de baguette magique, mais le moyen le plus sûr pour que rien ne change serait de ne rien faire. En 2024, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé en aggravant les peines encourues. Faut-il encore que les peines soient appliquées. La situation nous impose d’aller plus loin.
« Tu touches à un soignant, tu dors en prison »
À l’instar de nos policiers, nos gendarmes et nos pompiers, la blouse blanche est l’un des uniformes de notre République sociale. Cet uniforme, c’est à l’État de le faire respecter. Sa main ne doit pas trembler et l’heure n’est plus à la demi-mesure. Nous devons faire sauter les vieux tabous et réviser le cadre législatif actuel en introduisant des peines planchers pour les agressions physiques contre des soignants. Le message doit être clair et lisible : « Tu touches à un soignant, tu dors en prison ».
Moins d’affichettes et plus d’autorité. Il y a urgence.
*Laurent Castillo est professeur des Universités et praticien hospitalier à Nice, député européen membre de la Commission santé et délégué national de l’UDR.
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