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Le nouveau programme d’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) s’appliquera dès la rentrée scolaire 2025 dans les établissements publics et privés sous contrat, de la maternelle (dès 3 ans donc) à la terminale. Alors qu’il y a trois mois à peine, c’est l’éphémère ministre délégué à la Réussite scolaire lui-même qui s’inquiétait de son contenu, on voudrait nous présenter le programme Evars comme expurgé de tout biais idéologique. Il ne s’agirait plus d’un outil militant, mais d’un programme neutre, équilibré, au service exclusif des élèves.
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Pourtant, une lecture attentive du programme révèle un projet bien plus orienté qu’annoncé. Dès la maternelle, entre 3 et 5 ans, on voudrait initier les enfants à « vivre l’égalité entre les filles et les garçons » et « découvrir les différentes structures familiales ». À 6 ans, les élèves apprennent que « les stéréotypes de genre varient selon les lieux et les époques ». En classe de cinquième, on leur inculque que le sexe et le genre sont dissociables, et que l’identité est un ressenti. En seconde, la notion d’identité de genre est introduite sous l’angle de la transidentité. Avec le programme Evars, la biologie n’est plus une science mais une opinion.
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« À 4 ans, un enfant apprend normalement à faire ses lacets »
L’enfant ne se voit plus offrir une grille de lecture stable du monde. On lui intime de douter de lui-même, de s’interroger sur ce qui, jusqu’alors, allait de soi. À 6 ans, le petit garçon ne se demande plus s’il veut être astronaute ou pompier : il apprend qu’il pourrait n’être ni tout à fait garçon, ni tout à fait fille. Avec le programme Evars, la nature devient une construction et la norme une oppression.
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« Comprendre » les luttes LGBTQ+
À 4 ans, un enfant apprend normalement à faire ses lacets. Maintenant, il pourra aussi apprendre à nommer ses parties intimes avec la précision d’un médecin. À 6 ans, il pourra repérer les stéréotypes de genre. Peut-être lui restera-t-il du temps pour apprendre à lire, écrire et compter ? Pourquoi forcer l’esprit de l’enfant à formuler des pensées qu’il ne cherche pas encore à concevoir ? C’est une projection des obsessions de certains adultes sur nos enfants. Autrefois, l’école formait des esprits libres et critiques. Désormais, elle n’instruit plus : elle prescrit.
En terminale, les élèves devront « comprendre » les luttes LGBTQ+ et l’histoire des marches des fiertés. Comprendre, et non examiner ; comprendre, et non discuter ; comprendre, et donc adhérer ? Et avec le programme Evars, la cour de récréation devient un champ de lutte sexuée. Dès le CE1, les élèves devront réfléchir à l’occupation de l’espace sous un prisme genré. Faut-il limiter la surface occupée par les garçons ? Forcer les filles à aller jouer au football ?
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Ne riez pas : en novembre dernier, la municipalité écologiste de Strasbourg avait équipé des enfants de gilets connectés à un GPS, pour les géolocaliser dans la cour de récréation. L’objectif ? « Aménager les espaces dédiés des écoles pour les rendre plus égalitaires ». L’égalité cesse d’être un principe, elle devient une injonction. On prétend éduquer les enfants à la sexualité. Mais qu’en est-il réellement ? Nous vivons une époque où l’État s’inquiète de l’effet des contes de fées sur l’égalité, où l’on préfère débattre du genre des héros de dessin animé, pendant qu’explose la prostitution des mineures.
Des réponses fortes
Un enfant sur trois est exposé à la pornographie avant ses 12 ans. L’âge moyen d’entrée dans la prostitution en France est de QUATORZE ans. Les plateformes de partage pornographiques comme OnlyFans séduisent et attirent des adolescentes encore mineures. Qu’est-il réellement mis en place pour lutter contre cette surexposition précoce ? Quelques minutes de sensibilisation ? L’Evars n’aborde que très peu l’hypersexualisation et la marchandisation du corps.
« Face à ces terribles dérives, on était en droit d’attendre une réponse forte »
Face à ces terribles dérives, on était en droit d’attendre une réponse forte. On n’a qu’un traitement de surface. On exige des enseignants qu’ils deviennent éducateurs affectifs et sexologues, alors même qu’ils peinent déjà à enseigner leur discipline. Et pendant que l’on mobilise du temps pour enseigner aux collégiens que le sexe est une construction, les infirmières scolaires manquent cruellement.
Il y a aujourd’hui moins de 8 000 infirmières scolaires pour 12 millions d’élèves. Une réforme sérieuse aurait commencé par doter les établissements de moyens concrets. Recrutons des infirmières scolaires, premières à détecter les violences et le mal-être des élèves, plutôt que de confier ces sujets à des enseignants et d’ouvrir les écoles aux associations militantes LGBTQ+, souvent liées à l’extrême gauche politique, qui n’ont rien à y faire.
L’Evars ne s’inscrit pas en complément de l’éducation des familles, mais en concurrence avec elle. Ce programme est effectivement obligatoire, national et uniforme. Autrement dit, que vous soyez d’accord ou non, que vous considériez que ces sujets doivent être abordés en famille ou non, peu importe : l’État a décidé pour vous. C’est une expropriation éducative. Au nom du respect des équilibres de nos enfants, nous demandons un enseignement affranchi de toute propagande, fondé sur la science et construit avec les familles et les professionnels de santé, pas par des militants politiques.
La si nécessaire prévention des violences sexuelles et l’éducation au respect de l’autre ne sauraient devenir le cheval de Troie du transgenrisme, des militants LGBTQ+ ou le prétexte à l’exposition des enfants dès le plus jeune âge aux diverses pratiques sexuelles. Macron dirigeait déjà sans le peuple ; ce gouvernement veut éduquer sans les parents.
Marion Maréchal est présidente d’Identité Libertés et députée européenne
Laurence Trochu est députée européenne, membre de la commission de la Santé publique et de la commission des Droits des femmes
Anne Sicard est députée du Val-d’Oise, membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation
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